Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Restauration 4K par la Cinémathèque portugaise à partir du négatif caméra original 35 mm.
« Créer un ange dans la plénitude du martyre » : projet délirant que nourrit, dans le Portugal déclinant des années 1850, le gentilhomme José Augusto Pinto de Magalhães (Diogo Dória) pour la belle Fanny « Francisca » Owen (Teresa Menezes), fille lettrée d'un officier anglais, également convoitée par son ami l'écrivain Camilo Castelo Branco (Mário Barroso). Adapté du roman Fanny Owen (1979) d'Agustina Bessa-Luís, le sixième long métrage de Manoel de Oliveira clôt superbement sa tétralogie dite « des amours frustrées » avec cette histoire d'une passion continuellement ajournée par ses zones d'ombres et autres détours secrets. Le cinéaste cerne l'état d'esprit d'une époque, cette queue de comète du romantisme où les passions s'exténuent avant d'être simplement vécues, à force d'être examinées à la loupe et décortiquées de l'intérieur. Fanny et ses prétendants se prennent au piège des images littéraires (Lord Byron) qu'ils projettent les uns sur les autres. Jusqu'au bout, le cœur de l'aimée demeurera impénétrable à José Augusto, son terrible inquisiteur, y compris quand il en tiendra la relique au creux de la main : au fond de l'être, les organes ne comportent rien des sentiments qui les ont traversés. Oliveira ressaisit cette illusion dévorante dans une mise en scène de studio fondée sur l'artifice et le hiératisme des comédiens, dont les regards ne se croisent jamais, mais plongent parfois directement dans l'axe de la caméra, prenant à témoin l'acte même de la représentation.
Mathieu Macheret