Le chef-d'œuvre de son auteur, et l'un des plus beaux films de l'histoire, tout simplement. Peintre devenu cinéaste, Pialat capte la lumière des champs de blé d'Auvers-sur-Oise avec la majesté d'un Renoir – Jean et Auguste réunis. Son Van Gogh est certes une figure tragique, frustré par les valses hésitations de son frère, pétri de doutes violents qui, au crépuscule de sa vie, sont aussi forcément ceux du cinéaste. Mais ce portrait de l'artiste en vieil homme est raconté sans larmes, avec le seul souci du vrai. Un soin qui ajoute paradoxalement à l'émotion du film, ininterrompue, faite de moments de bonheur fugace (extraordinaire scène de déjeuner chez les Gachet), de rares épiphanies face à la toile, et d'éclairs de violence. Le montage, tout en lignes brisées, de Yann Dedet, est l'une des plus belles choses que l'on puisse imaginer. Et Jacques Dutronc est inoubliable. Immense.