lundi 2 juin 2014, 10h00

Salle Henri Langlois

10h00

Conférences, lectures, table ronde, dialogues, projections

Au moment de l'exposition « Le musée imaginaire d'Henri Langlois », La Cinémathèque française revient en paroles et en images sur la figure de son fondateur.

Ardent défenseur du cinéma muet et architecte d'une histoire du cinéma qu'il contribuait à écrire en programmant et en exposant, Henri Langlois a toujours cru à l'avenir du passé. De fait, la fréquentation assidue de toutes les oeuvres disponibles aura produit des cinéastes, à commencer par la génération de la Nouvelle Vague dans les années 1950, un des âges d'or de la Cinémathèque – ce que Langlois, jamais à court d'emphase, a appelé une fois « la période napoléonienne » de sa drôle d'institution.

Une célébration certes, mais avec un droit d'inventaire d'une personnalité controversée de son vivant, à la mesure de sa démesure. Aujourd'hui, l'histoire de l'institution qu'il a fondée avec Georges Franju, Paul-Auguste Harlé et Jean Mitry est mieux connue (cf. Laurent Mannoni, Histoire de la Cinémathèque française, Gallimard, 2006). On a aussi publié ses Écrits de cinéma (Flammarion, 2014) autant de textes et d'entretiens qui rassemblent une pensée vive, animée par un goût inlassable pour la transmission. Mais a-t-on fait un tour complet de l'homme tant qu'on n'a pas dit ou précisé le collectionneur, le muséographe, tant qu'on n'a pas expliqué et transmis aujourd'hui son art singulier de programmateur ou son rapport à la pellicule, son désir inabouti de produire à son tour des images en plus de les conserver Tant qu'on n'a pas fait le point aussi sur un rapport complexe à l'État que « l'affaire Langlois » a trop simplifié Tant qu'on ne s'est pas demandé, à la Cinémathèque même, ce que cela peut vouloir dire d'être « langloisien » aujourd'hui, à l'heure des « collections numériques », du « tout accessible » et de la dématérialisation généralisée des images.

Une Journée d'études, ouverte à toutes et à tous, animée par des paroles d'historiens, d'archivistes, de cinéastes, ponctuée de lectures de textes de Langlois et, le soir, de projections.


MATIN

10h : Introduction (Serge Toubiana)
suivie d'un Dialogue entre Dominique Païni et Serge Toubiana

Dominique Païni est commissaire de l'exposition «Le Musée imaginaire d'Henri Langlois», auteur de plusieurs ouvrages (Le Temps exposé, Le Cinéma, de la salle au musée…).

Serge Toubiana est directeur de la Cinémathèque française depuis 2004.

11h : « Langlois : la puissance de l'exposant » (François Albera)
On expose le cinéma depuis 1900 de toutes les manières : comme technique, comme art, comme spectacle. Langlois voit, lui, dans l'exposition un type d'historiographie passant par les objets, le «parafilmique», autant que par le film et qui use des procédés du montage : rapprochements, analogies, contrastes, conflit. La confrontation de deux expositions de cinéma contemporaines des années 1940, dont l'une est due à Langlois, permet de mesurer les différentes finalités que se donnent leurs concepteurs.

François Albera, professeur d'Histoire et esthétique du cinéma à l'Université de Lausanne, membre de l'AFRHC et secrétaire de rédaction de 1895 revue d'histoire du cinéma. Auteur notamment d'Albatros, des Russes à Paris (1919-1929) et de Cinéma et Avant-Garde.

11h30 : « Programmer, c'est écrire » (Maroussia Dubreuil)
Dès 1936, Langlois «compose» les programmes du Cercle du cinémapar le biais de rapprochements et de confrontations avec d'autres films. À vingt-deux ans, il anticipele Godard des Histoire(s) du cinéma, des histoires construites sur un croisement des films défiant souvent les règles de la logique, mais prouvant une grande ingéniosité dans l'élaboration.

Maroussia Dubreuil prépare une thèse sur les programmations d'Henri Langlois. Elle a assisté Dominique Païni dans le commissariat de l'exposition Langlois à la Cinémathèque française. Elle est aussi journaliste.

12h-12h15 : Lecture de textes d'Henri Langlois

12h15 : « Langlois producteur: l'expérience des films d'art » (Émilie Cauquy)
Qu'avait donc en tête Henri Langlois en se lançant dans la production de films d'art au printemps 1950 Filmer un acte de création Acquérir pour les collections de la Cinémathèque une oeuvre d'artiste, à la façon d'un musée d'art moderne : un Picasso, un Léger, un Matisse, un Chagall Lancer en fanfare, à Antibes, un festival sans palmarès qui ne «manquera pas de renouveler l'esprit cinématographique» Six projets en Kodachrome, au final pas un film achevé. Retour en images et en archives.

Émilie Cauquy est responsable de la diffusion et valorisation des collections films de la Cinémathèque française. Elle dirige le catalogue en ligne des restaurations et tirages, et a coréalisé l'édition du coffret Jean Epstein (Potemkine, 2014).


APRÈS-MIDI

14h30 : Lecture de textes d'Henri Langlois

14h45 : Table ronde, « Le goût Langlois » : Olivier Assayas, Alexandre Astruc, Benoit Jacquot, André S. Labarthe, animée par…

Olivier Assayas est cinéaste. Il a réalisé entre autres Irma Vep (1996), Les Destinées sentimentales (2000), Clean (2004), Carlos (2010), Après mai (2012).

Alexandre Astruc est cinéaste. Il a réalisé entre autres Une vie (1958), Le Puits et le Pendule (1964), La Longue Marche (1966), Sartre par lui-même (1976).

Benoit Jacquot est cinéaste. Il a réalisé entre autres L'Assassin musicien (1976), Les Enfants du placard (1977),  La Désenchantée (1990), La Fille seule (1995) et Les Adieux à la reine (2012).

André S. Labarthe est cinéaste (L'Homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, Artaud cité atrocité…), essayiste, producteur avec Janine Bazin des séries Cinéastes de notre temps et Cinéma, de notre temps.

15h45 : « Ni d'art, ni de Beaubourg. Henri Langlois contre le mythe Langlois. » (Bernard Eisenschitz)
Homme de culture et iconoclaste, Henri Langlois a entretenu un rapport ambivalent à l'art. Sa légende s'est construite sur l'image d'un Médicis du XXe siècle, mais c'est faire abstraction de son goût pour le trivial, de sa réhabilitation de films populaires méprisés. Pour lui, les autres arts devaient servir à affirmer l'être unique du cinéma. Le musée devait aboutir à la salle de projection.

Bernard Eisenschitz est traducteur et historien du cinéma. Auteur de nombreux ouvrages, il a été responsable de l'édition des oeuvres de Georges Sadoul et a codirigé, avec Bernard Benoliel, le recueil Henri Langlois–Écrits de cinéma (Flammarion/La Cinémathèque française, 2014).

16h15: « Raymond Borde et Henri Langlois, 1957-1965 : retour sur une histoire de cinémathèques » (Natacha Laurent)
La coïncidence entre le cinquantième anniversaire de la Cinémathèque de Toulouse et le centenaire de la naissance d'Henri Langlois est l'occasion de revenir sur les relations entre le fondateur de la Cinémathèque française et Raymond Borde lors des années qui conduisirent à la création de «l'autre cinémathèque» (1964). La convocation d'archives inédites permettra de porter un nouveau regard sur un moment essentiel de l'histoire du patrimoine cinématographique en France.

Historienne du cinéma, Natacha Laurent est déléguée générale de la Cinémathèque de Toulouse depuis 2005. Elle est également maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Toulouse II-Le Mirail.

16h45 : « Retour sur "l'affaire Langlois". Brève histoire des rapports entre la Cinémathèque française et l'Etat durant les années 1960 » (Gaël Péton)
L'épisode tumultueux de 1968 entre la Cinémathèque et les pouvoirs publics est bien connu. L'insérer dans un cadre chronologique plus large – dès la création du ministère des Affaires culturelles, en 1959 – permet de mieux comprendre les enjeux déterminant le cours et l'issue de cette «affaire».

Gaël Péton est doctorant à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il effectue une thèse, sous la direction de Sylvie Lindeperg et Dimitri Vezyroglou, sur la politique culturelle de l'État français en matière de cinéma de 1956 à 1973. Il est lauréat d'une bourse La Cinémathèque française/Jean-Baptiste Siegel en tant que chercheur invité.

17h15 : Table ronde: « Langlois, vu d'ailleurs » : Laurent Cormier, Christophe Dupin, Nicola Mazzanti, Frédéric Maire, Peter von Bagh, rencontre animée par Dominique Païni et Serge Toubiana.

Laurent Cormier a été directeur de l'audiovisuel au CNC de 2002 à 2010, il en est aujourd'hui le directeur du patrimoine cinématographique.

Christophe Dupin est administrateur délégué de la Fédération Internationale des Archives du Film (FIAF).

Nicola Mazzanti est conservateur et directeur de la Cinémathèque Royale de Belgique.

Frédéric Maire est directeur de la Cinémathèque suisse.

Peter von Bagh est historien du cinéma, réalisateur et directeur artistique des festivals du Soleil de minuit (Finlande) et de Bologne.


SOIR

À 19h30, en salle GF,projection d'Henri Langlois de Roberto Guerra et Elia Hershon (1970, restauration numérique de la Cinémathèque française en 2014) présentée par Kathy Brew.

À 20h30, salle HL,Dialogue avec Wim Wenders et projection de son film dédié à Henri Langlois, L'Ami américain (nouvelles caractéristiques techniques).