La Possédée du vice

dimanche 23 mars 2014, 21h00

Salle Henri Langlois

21h00 22h30 (90 min)

La Possédée du vice Il Dio serpente
Piero Vivarelli
Italie-Vénézuéla / 1970 / 90 min / 35mm / VF

Avec Beryl Cunningham, Sergio Tramonti, Nadia Cassini.

Une jeune et jolie italienne venant d'épouser un riche homme d'affaires le suit dans les Caraïbes où il possède un domaine. Elle rencontre une institutrice antillaise qui va l'initier aux rituels vaudous qui honorent le dieu serpent Jambaya...

C'est à une figure exemplaire, disparue le18 mars dernier à Reggio Calabria, du cinéma populaire transalpin que les séances de cinéma bis rendent hommage ce soir. Elle n'était pourtant pas italienne. De son vrai nom, Gianna Lou Müller, elle est née à Woodstock le 2 janvier 1949. Après des débuts comme danseuse exotique, elle s'installe en Italie en 1968. Elle nait spectaculairement et miraculeusement au cinéma italien dans La Possédée du vice (Il dio serpente) de Piero Vivarelli en 1970. Né à Sienne en 1927 et disparu en 2010, le cinéaste aura eu un drôle de parcours. Ancien des troupes d'élite de la République de Salo, il adhère au Parti Communiste Italien en 1949. Il y restera jusqu'en 1990 et sera même décoré par Fidel Castro. Il commence, à la fin des années 1950, à réaliser des films musicaux. Il écrit également des paroles de chansons. Au cœur de la pop-culture donc. Produit par Alfredo Bini (à qui l'on doit notamment les films de Pasolini), tourné à Saint-Domingue, La Possédée du vice est un de ces bijoux secrets, véritablement « cultes », que le génie du système cinématographique italien a parfois engendré. Nadia Cassini y incarne une jeune femme, mariée sans conviction avec un homme d'affaires, qui commence un voyage initiatique vers ses désirs les plus profonds. Le tiers-monde devient un endroit, vue d'Europe, où se mêle la terreur et la fascination, un lieu tout à la fois libérateur et effrayant. Flirtant avec le surnaturel, le film oppose, au refoulement puritain du catholicisme, la promesse sensuelle de l'animisme, le retour d'un monde archaïque révélateur des pulsions les plus enfouies. Extraordinaires scènes de transes et amoralisme sexuel constituent l'étoffe d'un film que sa musique, écrite par Augusto Martelli a rendu inoubliable. À l'époque du tournage, Nadia Cassini était mariée au comte Igor Cassini. Vivarelli déclara lors d'un entretien au Giornale : « Comme ça je pouvais lui dire : « Comtesse, c'est le moment d'enlever votre culotte. » » La Jamaïcaine Beryl Cunningham, qui fut longtemps l'épouse de Vivarelli, donne la réplique à Nadia Cassini. Evaristo Marques, acteur non-professionnel, découvert par Gillo Pontecorvo pour Queimada (1969), y tient son second et dernier rôle au cinéma.

Jean-François Rauger