Quand tu disais Valéry

vendredi 12 juillet 2013, 22h00

Salle Georges Franju

22h00 00h05 (125 min)

René Vautier, Nicole Le Garrec
France / 1975 / 125 min / 16mm

La longue grève des ouvriers de la SEMM à Trignac, après leur licenciement et la fermeture de leur usine, à la mort de Georges Pompidou.

Le film a été restauré en 2K d'après le scan 4K du négatif 16 mm. Les travaux de restauration ont été réalisés par le laboratoire Eclair et supervisés par Moïra Chappedelaine- Vautier pour Ciaofilm avec le soutien du CNC et du Conseil régional de Bretagne et de la Cinémathèque de Bretagne.


« Ici aujourd'hui, même les arbres ont l'air de serrer les poings. » « Ici », c'est Trignac, Loire-Atlantique. « Aujourd'hui », c'est 1975. L'arbre, un platane, serre ses poings à côté d'une caravane blanche où l'on a peint en caractères rouges « Vivre à Trignac ». La voix est celle de René Vautier, cinéaste-guerillero accompagné de Nicole Le Garrec, parti à la rencontre des ouvriers-cinéastes de l'usine de fabrication des caravanes Caravelair. Ils n'y travaillent plus car M. Trigano a décidé de délocaliser la production. Un patron moderne, Trigano, représentant du « nouveau management ». La modernité. Fin XIXe, elle avait fait de la région un centre industriel car « la terre ne nourrissait plus son homme » et avait persuadé les paysans de se déraciner en ville. La modernité vieillit, laisse ses ruines. D'abord les fonderies, puis les caravanes. Si les vieux serinent la fermeture des premières, les jeunes refusent de figurer parmi les souvenirs de l'archéologie industrielle locale. C'est la lutte des classes : au rythme du biniou, dans l'usine occupée par l'intersyndicale CGT-CFDT, dans les rues de Saint-Nazaire où les ouvriers arrivent à pied en tirant les caravanes sur l'autoroute, face aux CRS à Paris, et en tête à tête avec le patron. Faute de décoiffage, sa tête, on ne la verra guère dans la séquence de la séquestration. Censure : « C'est la première fois qu'un tribunal fait couper une tête de patron. » La même ingéniosité est à l'œuvre dans la rue et derrière la caméra.

Federico Lancialonga