Photographie de tournage de Veillée d'amour (When Tomorrow Comes, John M. Stahl, 1939)

5 juin 2025

Ce cliché immortalise le tournage d'une scène de Veillée d'amour (When Tomorrow Comes) sur un plateau des studios Universal. Réalisé et produit par John M. Stahl, le film est tourné entre le 4 mai et le 18 juillet 1939 – en comptant les retakes. Il sort dans les salles américaines à peine un mois après le clap de fin, le 11 août 1939.

À l'époque de cette photo, le projet porte encore le nom de la nouvelle inédite dont le film est adapté : A Modern Cinderella de James M. Cain (achetée par le studio en novembre de l'année précédente) – à l'exception de l'article. Ce titre de travail est précisé au dos de la photo : The [SIC] Modern Cinderella. Figure récurrente dans le Hollywood des années 30, du mélodrame à la comédie, la Cendrillon pointée par le titre renvoie ici à l'héroïne, jeune serveuse new-yorkaise orpheline et syndiquée, séduite par un pianiste français renommé et marié.

Le tirage argentique, portant la mention en français «  Imprimé aux États-Unis d'Amérique  » est sans doute destiné à faire la promotion dans la presse hexagonale de ce film en production, notamment avec la présence de l'acteur français Charles Boyer aux côtés de la star hollywoodienne Irene Dunne. Le couple est tout juste auréolé du succès de Love Affair (Elle et lui, Leo McCarey) – sorti en France comme aux États-Unis en avril 1939, par RKO Pictures. Ce duo populaire sera à nouveau exploité, pour la troisième et dernière fois, par la Columbia, dans le bien nommé Together Again (Coup de foudre, Charles Vidor, 1944).

La scène tournée intervient à la 22e minute du film. La serveuse et le pianiste font plus ample connaissance, le temps d'une promenade par une chaude soirée du côté de l'East River. Positionné en haut de l'escalier qui conduit au débarcadère, le couple amorce sa descente. Dans cet espace dramatique qui mène du public au privé, l'héroïne-Cendrillon, en terrain connu, précède le héros et le guide vers le quai moins animé. Mais cet angle de prise de vue n'apparaît pas dans le montage final. Le plan retenu est filmé depuis l'angle opposé (par la gauche), caméra côté rambarde. On y retrouve les figurants présents sur la photographie (enfants descendant les marches, marchand de glaces et autres passants aux canotiers) finalement situés à la place occupée par l'équipe technique sur le plateau.

Plusieurs plans filmés en contrebas de l'escalier montrent ensuite le couple de face, accoudé à la rambarde, d'abord silhouette entière en plan d'ensemble puis en plan moyen : position des acteurs et cadrage rappellent celui iconique de Elle et lui sur le paquebot, version quartier populaire. Le décor fixe le contexte de la Grande Dépression. Cabanes et palissades en bois contrastent avec les façades d'immeubles bourgeois aperçues sur le trajet du couple, de la réunion syndicale jusqu'au quai. On en aperçoit un élément sur le plateau voisin (en haut à droite de l'image).

Le photographe de plateau dévoile avec cette vue d'ensemble un dispositif technique modeste. Au centre de la photo, Stahl, cheveux blancs, se tient debout, chapeau à la main, derrière le dos. Le directeur de la photographie John J. Mescall se trouve vraisemblablement parmi les techniciens autour de la caméra, cachée sous son blimp et installée sur une plateforme à roues – Dolly un peu primitive pour réaliser les travellings. L'interminable perche où est fixé un minuscule micro semble désigner le couple, objet de tous les regards. Le film remporte l'Oscar 1940 du meilleur son – battant Autant en emporte le vent également nommé – notamment grâce au travail remarquable de l'ingénieur du son Bernard B. Brown sur la séquence de l'ouragan. Veillée d'amour s'impose finalement comme le plus grand succès de l'année pour le studio Universal.


  • Type d'objet : Photographie de tournage
  • Support : Tirage argentique
  • Année : 1939
  • Pays : États-Unis - France
  • Format : 21 x 26 cm