10 avril 2015
En 1887, bien avant d’épouser Georges Méliès, Fanny Manieux – jeune veuve, née Charlotte-Stéphanie Faës – est engagée par Émile Voisin, marchand d’appareils de prestidigitation alors codirecteur du théâtre Robert-Houdin. Agile et de petite taille, elle se prête aisément aux numéros d’escamotages, sous le nom de Jehanne d’Alcy.
Marié depuis 1885 à Eugénie Génin, Méliès entretient avec Jehanne d’Alcy une relation intime peu après leur rencontre. En témoigne cette photographie prise vers 1890. Jehanne d’Alcy pose nue dans l’intimité d’une pièce bourgeoise, sous l’objectif de Georges Méliès, jupe et jupons abandonnés.
Un autre cliché de la même série la montre encore buste nu et bassin drapé. Ces tirages pourraient avoir servi de modèle à Méliès qui peint à la même époque un portrait de Jehanne d’Alcy, la poitrine également dénudée.
De 1889 à 1895, Jehanne d’Alcy apparaît dans de nombreux spectacles d’illusions sur la petite scène du foyer comme dans la salle principale du théâtre Robert-Houdin dirigé par Méliès. À partir de 1896, elle passe de la scène au plateau de tournage de Méliès qui se lance dans la cinématographie, figurant dans de nombreux de ses titres jusqu’en 1904 avant de s’investir entièrement dans l’atelier de costumes des studios de Montreuil. En 1917, les studios de cinéma transformés en théâtre des Variétés artistiques, elle est encore présente aux côtés de Méliès qui y donnera des représentations jusqu’en 1923. Jehanne d’Alcy aura ainsi participé à toute l’aventure Méliès avant de devenir sa seconde épouse en 1925, alors que le cinéaste-magicien est ruiné. Ensemble, ils tiendront une boutique de confiseries et de jouets située dans le hall de la gare Montparnasse avant de se prendre leur retraite en 1932 dans un appartement du château d’Orly, propriété de la Mutuelle de cinéma.