Photographie de tournage de « Comment voler un million de dollars » (William Wyler, 1965)

2 mai 2018

Été 1965. William Wyler tourne Comment voler un million de dollars, entouré d’Audrey Hepburn et Peter O’Toole. Le duo de stars est en place pour une prise de vue – lui, encore auréolé du triomphe de Lawrence d’Arabie (1962), elle, de celui de My Fair Lady (1964). L’actrice se fait rare sur les écrans pour se consacrer à son fils Sean. Après La Rumeur (1961), elle joue pour la troisième et dernière fois sous la direction du cinéaste à l’œuvre multi-oscarisée qui l’avait révélée dans Vacances Romaines (1953). « Je fais cette comédie parce que j’aime changer de genre » explique Wyler qui a terminé son terrifiant L’Obsédé (1965). Et, il songe depuis longtemps à ce projet de romance sur fond de film de casse pour Hepburn. Signé Vincent Rossell, le cliché de tournage immortalise le cinéaste intransigeant, toujours sous le charme de sa recrue. La comédienne est parfaite dans son rôle de française issue d’une famille de faussaires, prête à tout pour récupérer une fausse Vénus de Cellini provenant de la collection de son père et sur le point d’être expertisée dans le musée parisien où elle est exposée. Elle forme avec le mystérieux gentleman cambrioleur incarné par Peter O’Toole, une séduisante association de malfaiteurs.

La scène a lieu en plein vernissage. En haut du grand escalier surplombant la salle d’expo, accoudé avec flegme, le couple observe l’objet du délit. La silhouette floue de la Vénus dénudée, d’une évanescence ectoplasmique, se dresse au beau milieu de l’objectif du photographe. On ne la verra pas dans ce plan du film au format Scope – avec un cadrage resserré sur la balustrade et une composition ultra symétrique – mais elle trône sur son piédestal dans le plan précédent, montrant le tandem de dos avec la vue sur la salle, scrutant calmement les lieux dans la même position.

Vincent Rossell laisse de côté le cadre des traditionnelles photos de plateau, le plus proche de celui du film, pour mieux révéler les coulisses du tournage. Retrouvant les réflexes de ses premiers reportages en tant que photographe de presse (Laponie, Corée, Hollywood…), il dégaine parfois son boîtier Hasselblad 6 x 6. Rossell laisse ainsi apparaître les structures en bois du décor conçu par Alexandre Trauner. Après le Paris d’Irma la douce (Billy Wilder, 1963) chez Samuel Goldwyn, le chef déco reconstitue dans les studios de Boulogne-Billancourt, l’intérieur du musée Jacquemart-André achevé en 1876 sur le boulevard Haussmann. C’est la façade du musée Carnavalet, rue des Francs-Bourgeois, qui servira pour les extérieurs de ce musée imaginaire nommé le Kléber-Lafayette.

Vincent Rossell a confié à la Cinémathèque quelque 650 clichés pris sur le tournage de Comment voler un million de dollars, pour lequel il était engagé comme photographe de plateau. Également docteur en philosophie, enseignant et directeur de l’école des Beaux-Arts d’Helsinki, il a suivi une centaine de tournages, aux États-Unis et en France, et travaillé notamment pour Life Magazine.


  • Type d'objet : Photographie de tournage
  • Support : Négatif noir et blanc
  • Auteur : Vincent Rossell
  • Année : 1965
  • Pays : États-Unis
  • Format : 6,00 x 6,00 cm (format d'origine)
  • Crédits : © Vincent Rossell