« L'intimité est un espace intermédiaire entre moi et les autres dont je négocie les entrées et sorties. Il y a une topique de l'intimité. Le cinéma expérimental explorant le territoire de l'intime m'enjoint, moi qui ne fais que le regarder, d'être quelque part. Il me semble qu'à l'inverse d'autres films qui ne sont ni expérimentaux ni n'explorent/exposent l'intime, ceux-là cherchent à rapprocher les fameux pôles irréconciliables de l'expérience spectatorielle au cinéma, identifiés par Edgar Morin : participation pratique et projection affective. Il faudrait peut-être dire alors qu'ils invitent dans un espace de « projection pratique » et de « participation affective ». Et dans ce type d'espace, je me sens souvent nu, c'est-à-dire désarmé. J'y rencontre des corps, des sexes, des plaisirs, des blessures et des stigmates, à la fois proches et différents des miens. De quoi suis-je le sujet ? »
Conférence suivie, dans la même séance, de la projection des films The Action de David Matarasso, Essence d'absinthe de Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, Le Troisième Œil d'André Almuró, Blind Porn d'Émilie Jouvet.
Cinéaste, docteur en esthétique et sciences de l'art (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Frédéric Tachou a été président du Collectif jeune cinéma (CJC), structure de distribution et de diffusion des pratiques expérimentales de l'image et du film. Il est l'auteur de Et le sexe entra dans la modernité (Klincksieck, 2014).