En 1969, Bo Widerberg évoque pour le New York Times le succès international d'Elvira Madigan, et s'arrête sur la scène du jeune couple, buvant du vin rouge, mangeant du fromage et du pain : « Je voulais que le public sente cette odeur de pain. » Avec cette histoire d'amour tragique, Widerberg cherchait à ouvrir les yeux du public sur tout ce qui rend la vie délicieuse : la nature, la musique, la nourriture, l'amour et le sexe. La Symphonie n° 21 de Mozart reste aujourd'hui connue pour son « thème d'Elvira Madigan ». Les prises de vues, tournées presque exclusivement en lumière naturelle, au contraire de ce qui se pratiquait alors pour la pellicule couleur, donnent au film son aspect visuel particulier. Widerberg voulait rompre avec le style « Technicolor » du Magicien d'Oz. Les spectateurs ont été séduits par cette photographie sous influence impressionniste. Elvira Madigan reste l'un des films les plus marquants dans l'évolution de la couleur à la fin des années 60. — Mårten Blomkvist
Critique de cinéma et journaliste culturel suédois, Mårten Blomkvist a notamment écrit sur Roy Anderson (Songs from the Welfare State, 2023) et Bo Widerberg (Highly bloody eccentric, 2011).
Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.