Dialogue avec Bernard Benoliel

Dialogue avec Bernard Benoliel

De 1950 à 1955, Anthony Mann et James Stewart tournent huit films ensemble dont cinq westerns, parmi les plus beaux du genre, le cinéaste et l'acteur accomplissant un geste esthétique d'envergure. Il faudra revenir sur le trajet de Stewart et la réinvention de son jeu dans l'après-guerre. Quant à ces westerns qui sont comme les cinq doigts de la main, cela vaut la peine de relever aussi ce qui les distingue. Entre le premier, Winchester '73, et le quatrième, Je suis un aventurier, tous deux scénarisés par Borden Chase pour le studio Universal, l'un en noir et blanc et l'autre en couleur, il s'agira ainsi de mesurer le chemin parcouru ou le terrain perdu. Car si de l'un à l'autre, le personnage selon Mann traverse une même étendue américaine, il ne la traverse visiblement plus de la même façon. À titre d'indice, disons que de ces cinq westerns, Je suis un aventurier est celui qui se situe historiquement le plus tard : en 1896, la conquête de l'Ouest est terminée et le continent largement quadrillé. Peut-on encore être libre sans espace ?


Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.