L'Homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours

L'Homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours

André S. Labarthe
France / 1987 / 106 min

Avec László Szabó, Ágnes Bánfalvy, Peter Bogdanovich, Henry Jaglom.

Un cinéaste hongrois enquête sur les traces que Welles a laissées à Hollywood, maintenant l'ambiguïté entre le vrai et le faux.

Janine Bazin et André S. Labarthe ont longuement espéré pouvoir réaliser un numéro de Cinéastes de notre temps consacré à Orson Welles. L'idée était de poursuivre Welles de lieu en lieu, là où il avait l'habitude de résider, et de le retrouver à la fin de cette enquête pour une longue interview sur ses films. Mais Welles meurt en 1985 et Labarthe doit relever le défi : faire un film sur Welles, mais sans Welles. L'Homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours (The Big O.) nous emmène dans un monde de mystères, comme le souligne la voix d'Orson Welles qui semble provenir d'outre-tombe : « I'm taking you into the world of mysteries. » Le film a majoritairement été tourné aux États-Unis, excepté la scène finale, qui se déroule dans une salle de montage (aux studios de Télé-Europe à Paris). Jacques Audrain a travaillé l'éclairage de manière à jouer avec les silhouettes dans cette séquence où apparaissent la monteuse (Danielle Labarthe) en train de dévoiler les rushes à Kovács, et Jean-Pierre Thibaudat, alors en pleine rédaction de son livre L'Orson. André S. Labarthe écrit en 2010 : « Kovács fuit donc l'ambiance mortifère d'Hollywood et, comme un dormeur se retourne dans son sommeil, se rend dans la salle de montage où s'articulent les ultimes séquences du film. C'est une pièce sans contours, un lieu fantasmagorique peuplé d'ombres et de chimères, où des voix désincarnées chuchotent les dernières nouvelles du cinéma : l'irréparable vient d'être perpétré. On a retrouvé le cigare du mort. »

Danielle Labarthe et Noémie Jean

« Pendant quinze ans, Janine Bazin et moi avons couru après un Orson Welles insaisissable que nous ne parvenions à localiser puis à sédentariser autour d'une table de restaurant que pour le voir s'enfuir en nous faisant la promesse que la prochaine fois... En dépit des interventions de Melville et de Truffaut il n'y a pas eu de prochaine fois. Il n'y a donc pas eu de Cinéma, de notre temps consacré à Orson Welles. Lorsqu'il meurt en 1985, j'ai pensé que cette fois il ne pourrait plus m'échapper. Mais je me heurtais à un dernier tour de prestidigitation : il s'était fait incinérer. » (André S. Labarthe)

Restauration par la Cinémathèque française, en collaboration avec Documentaire sur grand écran et Danielle Labarthe. Travaux de restauration image et son menés au laboratoire Lobster Films à partir du négatif original 16 mm et au Studio L. E. Diapason à partir de la bande magnétique 16 mm. Étalonnage réalisé par François Ede, avec la collaboration du chef opérateur du film, Jacques Audrain.