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Numérisation à partir du négatif et du mixage sonore d'origine, tous deux déposés à la Deutsche Kinemathek par Haro Senft.
Le premier long métrage de Haro Senft constitue une belle illustration de la Nouvelle Vague ouest-allemande, mais il a été totalement oublié, jusqu'à sa réapparition lors de la rétrospective du Festival de Berlin en 2016. Senft, qui est né en 1927 à Budweis (České Budějovice) et qui a grandi à Prague, a dû lui-même s’adapter dans l’Allemagne de l’Ouest d’après-guerre, et s'appuie sur sa propre expérience.
Le film raconte le délicat « parcours » de l'adaptation sociale et interroge consciencieusement son caractère inéluctable. Bernhard rencontre un entrepreneur influent qui, à son insu, va promouvoir sa carrière en lui confiant des missions et, finalement, lui permettre de créer son propre bureau d’études. Ces nouveaux contacts avec la société bourgeoise aliènent Bernard, mais lorsqu'un jour il apprend, par un collègue, à qui il doit réellement son ascension professionnelle, il accepte malgré tout cette forme de manipulation.
Par son style et son attitude à la fois réfléchie et critique, Der Sanflte Lauf est lié à la Nouvelle Vague praguoise, et montre une nette sympathie pour ceux qui, parmi les amis de Bernhard, refusent de briller. De la même manière, les syncopes jazzy de la bande originale, tout comme la présence de l’affiche du film Jazz in the Movies, signée par le graphiste d'avant-garde Hans Hillmann, apportent un contrepoint esthétique à la stabilité économique évoquée.
Martin Koerber