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Restauration par Studio Cine à Rome.
Remisé au purgatoire des films invisibles depuis cinquante ans, Maddalena jouit paradoxalement d’une aura inouïe : quiconque s’est un jour intéressé à l’immense répertoire d’Ennio Morricone connaît - et rêve de voir - le drame de Jerzy Kawalerowicz. Singulier destin d’un film essentiellement fantasmé, à la renommée entretenue par sa seule bande originale, chef-d'œuvre définitif du maestro.
Si Chi mai (recyclé par Georges Lautner dans Le Professionnel) et Come Maddalena constituent les sommets de la partition céleste de Morricone, c’est bien le morceau Erotico mistico qui donne les clés du film de Kawalerowicz : sous ses faux airs de giallo (étonnant prologue fantastico-noir), Maddalena est un drame métaphysique, traversé de longues considérations sur la foi et le désir. Singeant Antonioni, notamment dans une scène littorale qui évoque L’Avventura, le film, perméable à tous les genres de son temps, emprunte d’incessants chemins de traverse qui heureusement le relancent sans cesse. C’est un cauchemar pénitentionnaire tout droit sorti des hallucinations de Répulsion (Polanski, autre Polonais exilé). C’est une magnifique errance nocturne, et un accident d’Alfa Romeo vermillon pastichant Le Mépris. C’est une scène de masturbation soft, bercée par les chœurs de Morricone, parenthèse lascive et licencieuse. C’est aussi cet effrayant doppelganger fantomatique, apparition récurrente et inexpliquée, qui ajoute au mystère vénéneux d’un film enfin offert au monde.
Xavier Jamet