La Tarentule au ventre noir

La Tarentule au ventre noir La Tarantola dal ventre nero

Paolo Cavara
Italie-France / 1971 / 94 min

Avec Giancarlo Giannini, Claudine Auger, Barbara Bach.

Un policier enquête sur une étrange affaire de femmes sauvagement assassinées, après avoir été paralysées par du venin de tarentule. Paolo Cavara reprend avec intelligence les mécanismes de L'Oiseau au plumage de cristal d'Argento, en plaçant le refoulement sexuel au cœur d'un récit terrifiant, renforcé par le sentiment d'une profonde insignifiance du monde. Un modèle du genre, d'une sombre et triviale beauté, que souligne la suavité morbide de la musique de Morricone.

Signé en 1971 par Paolo Cavara, qui fut auparavant associé à Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi pour leur documentaire choc Mondo cane, La Tarentule au ventre noir déploie avec intelligence et sensibilité les mécanismes mis au point dans L'Oiseau au plumage de cristal, le film de Dario Argento. Le refoulement sexuel est ici au centre d'un récit terrifiant construit sur une sédimentation de moments au cours desquels de très belles jeunes femmes (le casting exceptionnel propose quelques-unes des plus belles starlettes de l'époque) sont mises à mort, littéralement dépecées comme des images de magazine que l'on déchirerait sous nos yeux. Un aparté documentaire vient génialement souligner l'atrocité de ces mises à mort tout en validant la métaphore animalière du titre. Le refoulement sexuel comme détermination profonde des événements est bien sûr le cœur de l'énigme, et il est ici soumis à un traitement extrême. Mais c'est surtout le principe même d'une indifférence cruelle du monde face à la terrifiante contingence des crimes commis que souligne la suavité morbide de la musique de Morricone. — Jean-François Rauger