Générique
Réalisateur :
Jess Franco
Assistants réalisateurs :
Gael deMilicua, Luis Revenga, Roger Demollières
Scénariste :
David Kuhne
Adaptateur :
Jean-Claude Carrière
Dialoguiste :
Jean-Claude Carrière
Sociétés de production :
Hesperia Films (Madrid), Speva Films, Ciné-Alliance
Producteurs :
Michel Safra, Serge Silberman, Luis Laso
Directeur de production :
Henri Baum
Distributeur d'origine :
Mondial Films (Paris)
Directeur de la photographie :
Alejandro Ulloa
Cadreur :
Clemente Manzano
Ingénieur du son :
Louis Hochet
Compositeur de la musique originale :
Daniel White
Décorateur :
Tony Cortes
Maquilleur :
Raymond Ferrer
Monteurs :
Jean Feyte, Marie-Louise Barberot
Script :
Nicole Guettard
Régisseur :
Eric Geiger
Interprètes :
Estella Blain (Nadia, dite Miss Muerte), Mabel Karr (Irma Zimmer), Howard Vernon (le professeur Vikas), Guy Mairesse (Hans Bergen), Fernando Montes (le docteur Philip Brighthouse), Antonio J. Escribano (le docteur Zimmer), Marcello Arroita (le docteur Moroni), Cris Huerta (le docteur Kallman), Jess Franco (l'inspecteur Tanner), Daniel White (l'inspecteur Green), Mer Casas (Madame Moroni), Lucía Prado (Barbara Alberts), Ángela Tamayo (Juliette Van Broken), Vicente Roca (le médecin légiste), Rafael Hernández (un policier), José María Prada (un policier), Alberto Bourbón
En 1966, Jess Franco, qui sort du tournage de Falstaff de Welles dont il dirigeait la seconde équipe, réalise deux coproduction franco-espagnoles. La partie française, c'est la société de Serge Silberman, producteur, entre autres, des films de Luis Buñuel depuis Le Journal d'une femme de chambre en 1964. Celui-ci propose à Franco de s'adjoindre le concours de Jean-Claude Carrière pour co-écrire deux scénarios. « Quand Serge Silberman me l'a présenté, nous avions bavardé un moment dans un café [...] et le tour était joué » écrira le cinéaste dans son livre de souvenirs, Les Mémoires de l'oncle Jess (éditions Serious Publishing). L'auteur de L'Horrible docteur Orloff s'entendra parfaitement avec le scénariste de Buñuel dont il admire « sa culture, son talent, son sens de l'invention, sa profonde connaissance de la langue et de la culture espagnoles et sa folie surréaliste ». Le résultat donnera deux formidables petits films de série B, deux petits bijoux relevant tout autant de la bande dessinée postmoderne que des serial hollywoodiens dont la liberté de ton, selon lui, était la conséquence du fait qu'aucun des producteurs n'avait lu le scénario.
Le Diabolique Docteur Z (également sorti en France sous le titre Dans les griffes du maniaque) décrit la vengeance de la fille d'un savant, méprisé par ses confères pour ses idées révolutionnaires. Elle kidnappe une strip-teaseuse qui deviendra, avec ses ongles enduits de curare, un instrument de séduction et de mort. Une ambiance gothique associée à une immersion dans les signes architecturaux d'un monde très contemporain, caves aux murs suintants et immeubles de béton et de verre, une mise en scène privilégiant les éclairages contrastés, les contre-plongées dynamiques, les gros plans inquiétants, permettent de tirer de l'économie réduite de la production ses potentialités dramatiques. Les scènes de cabaret, déjà, jouent ce rôle de simulacres de sexe et de mort que l'on retrouve dans toute l'œuvre du cinéaste Elles constituent le centre nerveux d'un film dépassant malicieusement les grands récits de la terreur littéraire et cinématographique dont celui du défi frankensteinien.
Cartes sur table, échevelée bande de science-fiction et d'espionnage, tourné dans la foulée, met en vedette Eddie Constantine, acteur défini par une antériorité construite par ses polars de série tournée en France (et notamment son personnage de Lemmy Caution) et le film de Godard, Alphaville. Franco organise, à l'instar de l'auteur d'À bout de souffle, mais avec des moyens et des objectifs différents, une déconstruction, moins romantique, de la figure incarnée par Constantine. « Les producteurs voulaient revenir au Constantine de service [...] mais nous voulions y adjoindre une touche moins primaire, une sorte de distance complice. [...]. Le héros devait être un abruti. »
Jean-Claude Carrière se souvenait avec affection de Jess Franco : « Le travail avec lui était rapide, mais normal. Il devait s'adapter à l'étroitesse des budgets. Deux fois, un vendredi et un samedi, il est venu me voir au bar de l'Olympia en me disant : "Cette fois je veux faire un vrai film, plus de petites merdes." Il me racontait le début d'une histoire intéressante, me donnait rendez-vous pour le lundi suivant-et disparaissait pour plusieurs années. J'ai su qu'il était parti tourner à l'improviste à l'étranger. [...] Je lui ai toujours gardé mon amitié. Il ressemblait à Peter Lorre. Étonnant personnage. »
Jean-François Rauger