Au loin s'en vont les nuages

Au loin s'en vont les nuages Kauas pilvet karkaavat

Aki Kaurismäki
Finlande / 1996

Avec Kati Outinen, Kari Väänänen, Elina Salo.

Lauri, chauffeur de tramway, et sa femme Ilona, serveuse dans un restaurant, perdent chacun leur travail. Alors qu'ils se mettent tous deux à la recherche incertaine d'un nouvel emploi, leur couple est mis à l'épreuve.

Le cinéaste finlandais entame sa « trilogie des losers » en suivant la survie quotidienne d'un couple qui se retrouve au chômage. Désemparés, sans voix, femme et mari se confrontent à une crise qui met à l'épreuve la force de leur lien. Si Kaurismäki ne recule jamais devant la tristesse des situations, l'humanisme et l'esprit décalé de ses personnages apportent autant de réconfort qu'un verre d'alcool ou qu'une chanson échappée d'un vieux microsillon. Et dans le paysage sinistre de la ville, émaillé de couleurs chaudes, une lueur d'espoir semble ranimer la fierté de toute une génération de travailleurs, prêts à relever la tête pour contempler un horizon plus radieux.

Écrit en trois jours (après une lente rumination), tourné en moins d'un mois et monté en trois semaines, Au loin s'en vont les nuages, 13e film de l'immense Ari Kaurismäki, est un drame gai, ou du moins une histoire triste vue et filmée par un admirateur finlandais de Buster Keaton. C'est aussi l'histoire d'hommes et de femmes dignes dans un monde obscène, des losers sans doute, selon le regard commun, mais en vérité des lutteurs du quotidien, qui tombent (souvent) et se relèvent à chaque fois. Des personnages filmés avec un amour qui n'a d'égal que la colère d'un cinéaste contre le monde comme il va (à sa perte). C'est surtout un film à l'incroyable tenue formelle, où un plan rappelle ce que peut être un plan de cinéma ; où un simple voyage à deux en tram et de nuit fait ressentir tout le bonheur et la fierté d'un couple ordinaire ; où, soudain, un travelling avant sur un visage sait communiquer un effet de grandeur – la moindre des choses sans doute pour magnifier des héros ; où le principal effet spécial du film est ici le cinéma lui-même. Comme son dernier film en date (Les Feuilles mortes, 2023), Au loin s'en vont les nuages avait été sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes 1996.

Bernard Benoliel


Générique

Réalisateur : Aki Kaurismäki
Scénariste : Aki Kaurismäki
Société de production : Sputnik Oy [Helsinki)
Producteur : Aki Kaurismäki
Distributeur d'origine : Pyramide Distribution (Paris)
Directeur de la photographie : Timo Salminen
Ingénieur du son : Jouko Lumme
Décorateurs : Markku Pätilä, Jukka Salmi
Monteur : Aki Kaurismäki
Interprètes : Kati Outinen (Ilona), Kari Väänänen (Lauri), Elina Salo (Madame Sjöholm), Sakari Kuosmanen (Melartin), Markku Peltola (Lajunen), Matti Onnismaa (Forsström), Matti Pellonpää (Enfant sur la photo), Shelley Fisher (Pianiste), Markus Allan (Orchestre), Pauli Granfelt (Orchestre), Kari Lindqvist (Orchestre), Pentti Mutikainen (Orchestre), Taisto Wesslin (Orchestre), Tuire Liiti (Serveuse), Tommi Parkkonen (Orchestre), Kaarina Väyrynen (serveuse), Tuire Tuomisto (Cuisinière), Elli Lindstedt, Vilhelm Lindstedt, Mustafa Altin, Pentti Auer, Iisak Lusua, Simo Santalahti, Solmu Mäkelä, Outi Mäenpää, Esko Nikkari, Tarja Laiho, Sulevi Peltola, Vesa Mäkelä, Tero Jartti, Kaija Pakarinen, Vesa Häkli, Antti Reini, Yrjö Järvinen, Ona Kamu, Eero Försti, Kari Nenonen, Klaus Heydemann, Sakke Järvenpää, Aarre Karén, Rose-Marie Precht, Clas-Ove Bruun, Silu Seppälä, Jorma Pulla, Peter vonBagh, Atte Blom