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Présenté au Festival de Cannes en 1988, Tokyo Pop raconte le parcours de Wendy, choriste d'un groupe de rock, lasse de la vie new-yorkaise, qui part tenter sa chance à Tokyo. Punkette blonde décolorée, l'actrice et chanteuse Carrie Hamilton – révélée dans Fame, et trop tôt disparue –, prête son physique et sa voix à ce portrait d'une jeunesse étrangère en butte aux coutumes japonaises. Fauchée et déphasée, la gaijin enchaîne les galères jusqu'à sa rencontre avec Hiro, jeune musicien, fan de culture américaine, qui va changer son destin. Pour l'interpréter, la réalisatrice fait appel à Yutaka Tadokoro – alias Diamond Yukai –, pop star en son pays et futur réalisateur du spot publicitaire de Bill Murray dans Lost in Translation. Quinze ans avant Sofia Coppola, Fran Rubel Kuzui décrit l'éloignement culturel. Mais l'air tokyoïte de son film ne respire pas la même mélancolie. Au contraire, chargé d'espoir et de liberté, c'est celui de la bulle économique des années 1980, où la jeunesse s'invite dans des clubs de reggae extravagants ou dans des chambres d'hôtel louées pour une nuit d'amour. Perdu après la faillite de son producteur, le film est de nouveau visible en version restaurée. Avec son générique d'ouverture signé Keith Haring (également auteur de l'affiche), défilant sur un improbable Blue Suede Shoes chanté par une star nippone, Tokyo Pop porte bien la marque de la perle rare.
Delphine Simon-Marsaud