S'en fout la mort

S'en fout la mort

Claire Denis
France / 1990 / 91 min

Avec Isaach de Bankolé, Alex Descas, Jean-Claude Brialy, Solveig Dommartin.

Dah et Jocelyn, Béninois et Antillais installés illégalement en France, participent à des combats de coqs clandestins organisés par un patron de boîtes de nuit corrompu. Ils entraînent leur animal, baptisé « S'en fout la mort ».

Un souvenir : au téléphone, l'enthousiasme de la productrice Fabienne Vonier, sa voix heureuse, réfléchie et déterminée m'annonçant le tournage du second film très attendu de Claire Denis, à Pondorly. Un endroit où personne ne s'arrête, terra incognita entre le marché de Rungis et l'aéroport d'Orly. Hors de tous les sentiers battus, un instinct de cinéma avait trouvé sa voie. Toujours aussi vaillant et emballant, trois décennies plus tard. Dans cet endroit qui n'en est pas un, deux personnages traversent des lieux qui n'en sont pas. Parkings, entrepôts, arrière-cuisine, salle de jeux qui tient du casino et de la foire agricole, pour combats de coqs révélateurs. Car seuls des instincts animaux semblent pouvoir survivre là, morsures du besoin d'argent, du désir, de la pulsion de mort, rêves en cage qui pourraient basculer dans la transe, la possession. Mais ce film un peu sorcier est aussi fait de paysages intérieurs, qu'on devine sur les visages d'Isaach de Bankolé et d'Alex Descas, princiers, comme sur celui de Jean-Claude Brialy, en vieux Blanc roublard et paternaliste. Ces hommes ont en eux les Antilles, l'Afrique, un ailleurs où la mélancolie les ramène... Après Chocolat (1988), Claire Denis commençait son beau voyage de cinéma. À Pondorly, moitié Eldorado et moitié enfer de banlieue, moitié melting pot et moitié désert existentiel, elle nouait un pacte avec la beauté des êtres solitaires et des destins en transit, dans un rapport à la caméra qui tient de la danse et du combat. À Pondorly, tout était là.

Frédéric Strauss

Restauration 4K supervisée par Pathé et exécutée au laboratoire Hiventy, avec le soutien du CNC. Étalonnage supervisé par Agnès Godard et Pascal Marti. Remerciements à Claire Denis.


Générique

Réalisateur : Claire Denis
Assistant réalisateur : Gabriel Julien-Laferrière
Scénaristes : Claire Denis, Jean-Pol Fargeau
Dialoguistes : Claire Denis, Jean-Pol Fargeau
Sociétés de production : Cinéa, NEF-Diffusion (Paris), Les Films de Mindif, La Sept Cinéma, Camera One (Paris), Pyramide Productions (Paris)
Producteur délégué : Philippe Carcassonne
Directeurs de production : Nicolas Daguet, Brigitte Faure
Distributeur d'origine : Pyramide Distribution (Paris)
Directeur de la photographie : Pascal Marti
Cadreur : Agnès Godard
Ingénieurs du son : Jean-Paul Mugel, Alix Comte
Compositeur de la musique originale : Abdullah Ibrahim
Décorateur : Jean-Jacques Caziot
Monteur : Dominique Auvray
Photographe de plateau : Moune Jamet
Interprètes : Isaach deBankolé (Dah), Alex Descas (Jocelyn), Jean-Claude Brialy (Pierre Ardennes), Solveig Dommartin (Toni), Christopher Buchholz (Michel), François Oloa Biloa (François), Pipo Sarguera (Pipo), Valérie Monnet (jeune fille), Gilbert Felmar (Ti Emile), Alain Banicles (le commissaire), Daniel Bellus (Henri), Christa Lang (mère de Toni)