Un mauvais fils

Un mauvais fils

Claude Sautet
France / 1980 / 110 min
d'après Daniel Biasini

Avec Patrick Dewaere, Yves Robert, Brigitte Fossey.

Après cinq ans passés dans un pénitencier américain pour trafic et usage de drogue, Bruno revient vivre en France chez son père. La situation devient vite invivable car ce dernier l’accuse d’être responsable de la mort de sa mère, survenue lors de sa détention.

Restauration en 4K à partir du négatif original par Studio Canal avec l'aide du CNC (Laboratoire Hiventy). Ressortie fin 2019 par les Acacias.


Portrait de la France des années 1980, Un mauvais fils suit la trajectoire de Bruno (Patrick Dewaere) de retour sur le territoire français après une peine de prison pour trafic de stupéfiants aux États-Unis. Brillamment scénarisé par Claude Sautet, Daniel Biasini et Jean-Paul Török, le film comporte de grands moments dialogués qui réussissent à synthétiser toute une condition parfois au détour d’une phrase, par exemple, lorsqu’un travailleur lance que « les Français ne tiennent pas plus de trois jours » dans un métier manuel habituellement réservé aux immigrés. Certains plans suffisent à souligner l’inadaptation du fils dans le foyer retrouvé, notamment dès le début, lorsque Dewaere observe sans un mot le téléphone sonner. Sautet montre la simplicité d’un quotidien qui ne tient à presque rien avec une grande bienveillance. Il entoure Dewaere de seconds rôles magnifiques, dont le personnage d’un libraire (Jacques Dufilho) qui ne manque pas de compassion à l’égard de la jeunesse fragile représentée par Dewaere et finit par une belle tirade où il expose à son tour sa marginalité : « En sortir ! Il n’y a pas de sortie ! Sortir d’où ? De quoi ? Des autres, de la solitude, de la peur, on sort (…) Pour aller où ? Voilà, il est 9h du matin, j’ai 63 ans, je me regarde, j’ai froid, je suis homosexuel et je suis couvert de dettes. » Sautet aborde ainsi avec justesse les problématiques qui vont ankyloser le pays dans les années à venir : chômage, travail au noir, place des immigrés dans la société, difficulté d’être homosexuel, le tout avec une tendresse qui n’est plus d’actualité.

Sarah Ohana


Générique

Réalisateur : Claude Sautet
Assistants réalisateurs : Jacques Santi, Yvon Rouve
Scénaristes : Claude Sautet, Daniel Biasini, Jean-Paul Torok
Auteur de l'oeuvre originale : Daniel Biasini d'après une histoire
Dialoguistes : Claude Sautet, Daniel Biasini, Jean-Paul Torok
Sociétés de production : Sara Films (Paris), Antenne 2, SFP - Société Française de Production
Producteur : Roland Girard
Producteur délégué : Alain Sarde
Directeur de production : Antoine Gannage
Distributeur d'origine : Parafrance
Directeur de la photographie : Jean Boffety
Cadreur : Jacques Renoir
Ingénieur du son : Pierre Lenoir
Mixeur : Jean Nény
Compositeur de la musique originale : Philippe Sarde
Décorateur : Dominique André
Costumier : Corinne Jorry
Maquilleur : Marc Blanchard
Monteur : Jacqueline Thiédot
Script : Geneviève Cortier
Régisseur : Gérard Gaultier
Directeur de casting : Dominique Besnehard
Photographe de plateau : Charles Biasini
Interprètes : Patrick Dewaere (Bruno Calgagni), Brigitte Fossey (Catherine Segal), Yves Robert (René Calgagni), Jacques Dufilho (Adrien Dussart), Claire Maurier (Madeleine), André Julien (André), David Pontremoli (Carlos), Pierre Maguelon (le commissaire), Antoine Bourseiller (le psychologue), Raouf Ben Yaghlane (Tailleb), Jean-Claude Bouillaud (Henri), Sandra Montaigu (une fille du café), Dany Baye (une fille du café), Franck-Olivier Bonnet (le patron de l'entreprise de transport), Dominique Briand (l'officier de police), Dominique Zardi (le contremaître), Mado Maurin (la femme d'André), Sophie Artur (l'employée de Madeleine), Francis-André Loux (l'inspecteur Bertrand), Claudine Delvaux (Suzanne), Christiane Cohendy (l'assistante sociale), Marcel Portier (le consommateur au comptoir), Guy Di Rigo (un inspecteur)