Les Dragueurs

Les Dragueurs

Jean-Pierre Mocky
France / 1959 / 78 min

Avec Jacques Charrier, Charles Aznavour, Anouk Aimée.

Un samedi soir dans Paris, deux hommes draguent chaque fille qui croise leur chemin. L'un recherche un coup d'un soir, l'autre le grand amour. Ils déambulent de soirée en soirée dans l'espoir de trouver celle qui correspondra à leur désir.

Restauration numérique 4K à partir du négatif original 35 mm N&B, et du négatif son 35 mm, par Eclair Classics pour Mocky Delicious Products, avec le soutien du CNC, sous le contrôle artistique d'Olivia Mokiejewski.


Premier long métrage de Mocky comme réalisateur, Les Dragueurs puise son influence dans la comédie à l'italienne où il a fait ses armes comme acteur et assistant, entre la tradition transalpine du film à sketches et le buddy movie à l'américaine. Réputée pour avoir fait entrer le mot « drague » dans le langage courant, cette chronique caustique du Paris noctambule de son époque montre déjà la visée libertaire et l'acuité sociale dont Mocky fera preuve dans les satires politiques au vitriol qui feront sa réputation par la suite (Solo, Y a-t-il un Français dans la salle ?...).
Les Dragueurs est un film étrange à revoir aujourd'hui, partagé entre une misogynie surannée (son premier tiers) et un romantisme désespéré, intention sentimentaliste que Mocky refrène comme si elle était trop belle pour être honnête. C'est le cas pour Freddy (Jacques Charrier) qui feint cette passion pour mieux manipuler ses conquêtes au contraire de Joseph (Charles Aznavour) dont la sincérité confine au pathétique. Au milieu, et c'est bien le plus troublant, une mélancolie se dévoile peu à peu, avec, comme point d'orgue, cette rencontre évanescente et amère entre Charrier et Anouk Aimée, en mère célibataire estropiée. Le film s'achève sur une longue séquence de débauche dans une demeure bourgeoise, là encore pas si éloignée du cinéma italien (La dolce vita de Fellini ou La notte d'Antonioni sortiront peu après). Elle concentre toute la frustration de cette masculinité libidineuse et la réification subie par ces femmes, ayant pour seul horizon celui de trouver le mari qui les fera le moins souffrir. Comme si les deux sexes attendaient, au bord de l'implosion, la libération du corps et des mœurs engendrée par Mai 68 pour assumer leurs désirs de jeunesse.

Loris Dru


Générique

Réalisateur : Jean-Pierre Mocky
Assistant réalisateur : Joseph Lisbona
Scénariste : Jean-Pierre Mocky
Adaptateurs : Louis Sapin, Jean-Charles Pichon, Jean-Pierre Mocky
Dialoguistes : Louis Sapin, Jean-Charles Pichon, Jean-Pierre Mocky
Sociétés de production : Lisbon Films (Paris), Les Films Fernand Rivers (Paris)
Producteur : Fernand Rivers
Producteur délégué : Joseph Lisbona
Directeur de production : Emile Buhot
Distributeur d'origine : Les Films Fernand Rivers (Paris)
Directeur de la photographie : Edmond Séchan
Cadreur : André Villard
Ingénieur du son : René Sarazin
Compositeur de la musique originale : Maurice Jarre
Décorateurs : Max Douy, Jacques Douy
Maquilleur : Jacqueline Revelly
Monteur : Armand Psenny
Script : Denise Morlot
Régisseur : Georges Mahaut
Conseiller technique : Maurice Delbez
Photographe de plateau : Henri Caruel
Interprètes : Jacques Charrier (Freddy), Charles Aznavour (Joseph Bouvier), Dany Robin (Denise), Dany Carrel (Dadou), Estella Blain (Sylviane), Anouk Aimée (Jeanne), Belinda Lee (Ghislaine), Nicole Berger (Françoise), Véronique Nordey (la bobby-soxer), Ingeborg Schöner (Monika), Margit Saad (Ingrid), Gérard Darrieu (le copain du bar), Max Montavon (un invité à la party), Gérard Hoffman (Marco), Henri Poirier (le "fiancé" de Ghislaine), Claude Mansard (l'homme au champagne), Catherine Candida, Geneviève Grad, Jean Degrave, Jacques-François Zeller, Marie Debecker, Michèle Verez, Claude Mercutio, Rudy Lenoir, Dany Jacquet, Arlette Balkis, Françoise Servant, Sylvie Adassa, Juliette Vilno, Danielle Vidal, Piella Sorano, Monique Le Porrier, Etienne Dirand, Jean Roquel, Véronique Valois, Chantal Duvivier, Madeleine Sublard, Liane Marelli, Maryse Metjean, Tania Miller, Mitzi Ann, Liliane David, Josiane Hervé, Thérèse Barbet, Lucie Arnold, Hélène Stoliaroff, Cora Camoin, Chantal Deberg, Uta Taeger