Au-delà des grilles

Au-delà des grilles

René Clément
France-Italie / 1948 / 95 min

Avec Jean Gabin, Isa Miranda, Vera Talchi.

Pierre, qui vient de tuer sa maîtresse infidèle, rencontre à Gênes Marta, une serveuse. Entre eux se noue une brève idylle, mais Marta a une petite fille, Cecchina, dont la jalousie confine à la haine.

Restauration 4K pour SND, réalisée par le laboratoire l'Image Retrouvée et supervisée par Filmo, avec le soutien du CNC.


À bien des égards, Au-delà des grilles déroute par sa manière de ne jamais correspondre aux catégories dans lesquelles on pourrait facilement le ranger. Si, dans son personnage de fuyard, Jean Gabin rappelle ses grands rôles de hors-la-loi des années 1930, l’acteur joue à contretemps de ses emplois passés, comme désabusé par ce type d’intrigue. Les nombreuses scènes de rues et les plans récurrents sur les ruines de la Gênes d’après-guerre révèlent un désir d’ancrer le récit dans une réalité contemporaine, mais René Clément ne se complaît pas pour autant dans l’esthétique néoréaliste alors en vogue en Italie. Son film ne témoigne d’aucune injustice socio-politique, mais raconte avec ironie la destinée presque tragi-comique d’un meurtrier contraint d’interrompre sa cavale dans une ville inconnue, à cause d’une banale rage de dents. Dans ce film à cheval entre le mélodrame, la comédie, l’étude de mœurs, le policier et le sentimental, le cinéaste propose une forme narrative originale et complexe. Par quel biais aborder cette œuvre qui mélange autant les tonalités ? La clé se situe peut-être dans la dernière scène. Jean Gabin et Isa Miranda y interprètent avec un certain détachement la séparation des amants, situation maintes fois rejouée ailleurs, à laquelle eux-mêmes semblent ne plus croire. Au-delà des grilles se donne à lire ici comme une œuvre désenchantée manifestant sa perplexité à l’encontre d’un certain cinéma classique qui ne peut plus se regarder au premier degré. Dans ce dernier mouvement, le film de René Clément affirme son indéniable modernité.

Adrien Valgalier


Générique

Réalisateur : René Clément
Assistants réalisateurs : Pierre Chevalier, Claude Clément, Alessandro Fersen, Sergio Grieco
Scénaristes : Cesare Zavattini, Suso Cecchi D'Amico, Alfredo Guarini
Adaptateurs : Jean Aurenche, Pierre Bost
Dialoguistes : Jean Aurenche, Pierre Bost
Sociétés de production : Francinex (Paris), Italia Produzione (Roma)
Producteur : Alfredo Guarini
Directeurs de production : Jean Jeannin, Geo Agliani
Distributeur d'origine : Italia Produzione (Roma)
Directeur de la photographie : Louis Page
Cadreur : Carlo Carlini
Ingénieur du son : Joseph deBretagne
Compositeur de la musique originale : Roman Vlad
Décorateur : Piero Filippone
Maquilleur : Euclide Santoli
Monteur : Mario Serandrei
Script : Lucile Costa
Régisseur : Luigi Mannarini
Interprètes : Jean Gabin (Pierre), Isa Miranda (Marta Manfredini), Vera Talchi (Cecchina Manfredini), Robert Dalban (le marin), Andrea Checchi (Joseph Manfredini), Ave Ninchi (Maria), Carlo Tamberlani (le commissaire), Renato Malavasi (le dentiste), Checco Rissone (le voleur), Michele Riccardini (le restaurateur), Agnese Dubbini (la restauratrice), Vittorio Duse (un policier au commissariat), Ermanno Randi (un policier au commissariat), Dina Romano (la fleuriste), Claudio Ermelli (le prêtre), Fulvia Fulvi (l'amie de Cecchina), Marinetta Campello, Alessandro Fersen, Giuseppe Garello, Franca Lumachi, Gino Passarelli, Franco Pesce, Giulio Tommassini, Pietro Tordi