Générique
Réalisateur :
Pierre Chenal
Assistant réalisateur :
Henri Calef
Scénariste :
Jacques Companeez
Auteur de l'oeuvre originale :
Jean Vignaud
Dialoguiste :
Simon Gantillon
Société de production :
Gladiator Films (Paris)
Directeur de production :
Michel Koustoff
Directeur de la photographie :
Curt Courant
Cadreur :
André Bac
Ingénieur du son :
Emile Lagarde
Compositeurs de la musique originale :
Jacques Ibert, Mahieddine Bachtarzi
Décorateur :
Georges Wakhevitch
Monteur :
Borys Lewin
Photographe de plateau :
Emmanuel Lowenthal
Interprètes :
Viviane Romance (Safia), Marcel Dalio (Mattéo le Maltais), Pierre Renoir (Chervin), Louis Jouvet (Rossignol), Jany Holt (Greta), Martial Rèbe (Ibrahim le Maltais), Gaston Modot (le soutier), Sinoël (Robillard), France Ellys (la religieuse), Nina Myral (l'épouse du collectionneur), Aimos (Ernest), Lorna Rode (la danseuse), Jean Davy (l'ami de Chervin), Gina Manès (Olga), Yvonne Yma (la dame qui fait ses robes), Génia Vaury (la patronne de la rue des Cadis), Marguerite deMorlaye (une invitée), Claire Gérard (patronne de l'Eden), Fréhel (Rosina), Florence Marly (Diana), Monique Montey (une petite femme), Geno Ferny (employé de Rossignol), Frédéric O'Brady (membre de la bande), Edmond Beauchamp (le policier), Jacques Erwin (Laurent), Max Dalban (ami de Chervin), Georges Paulais (le barman), Gabriello (l'homme volé), Raymond Rognoni (un badaud), Robert Moor (le domestique de Chervin), Anthony Gildès (le collectionneur), Pierre Labry (le chef), Geneviève Sorya, Catherine Carrey
Restauration 2K à partir des éléments source chez Eclair, avec le soutien du CNC.
Après avoir brillamment transposé Pirandello, Dostoïevski ou Jack London, Pierre Chenal est tout d'abord peu inspiré par ce sujet de mélodrame exotique à la mode. Il se laisse finalement séduire par l'idée de diriger la captivante Viviane Romance. Avec son scénariste Jacques Companeez, il transcende les clichés du genre, infuse son fatalisme dans les coïncidences les plus improbables et distille ses motifs de prédilection : identités multiples, disparitions et déracinement, manigances de maîtres-chanteurs... On retrouve ici tout l'art du cinéaste, esthète discret et maître de la rupture de ton, merveilleusement servi par la photo irréelle et somptueuse de Curt Courant. Plus que Louis Jouvet, qui joue ici brièvement le rôle de crapule suave que Chenal réservait d'ordinaire à Robert Le Vigan, ce sont Jany Holt, bouleversante en tubarde nostalgique, et Marcel Dalio qui apportent au film sa singulière mélancolie. Ce dernier révèle ici une sensualité inédite, déclinée en mode aristocratique chez Renoir l'année suivante. Bien que relégué en second rôle au générique, il domine un casting de rêve (Aimos, Fréhel, Pierre Renoir, Gaston Modot...) que Chenal, brillant chef d'orchestre, harmonise avec un rare doigté. Un chef-d'oeuvre plus tard (Le Dernier Tournant, première et magistrale adaptation du Facteur sonne toujours deux fois de James Cain), Chenal, né Cohen, doit quitter la France à l'aube des années 1940, pour l'Argentine. Il reviendra avec un métier intact, mais une audace amoindrie.
Emmanuel Voisin