Cet obscur objet du désir

Cet obscur objet du désir

Luis Buñuel
France-Espagne / 1977 / 105 min
D'après le roman La Femme et le pantin de Pierre Louÿs.

Avec Fernando Rey, Carole Bouquet, Ángela Molina.

Dans un train entre Séville et Madrid, Mathieu Fabert raconte à ses compagnons de voyage la passion déchirante qu'il a eue pour Conchita, une jeune femme qui n'a cessé de se dérober à lui.

Don Luis savait que ce serait son ultime mauvais coup, cinquante ans après Un chien andalou. Ça s'était mal passé et vite terminé avec Maria Schneider, dommage, mais il fallait sauver Silberman, pourquoi pas deux actrices pour le seul rôle de Conchita ? Un dernier pied-de-nez surréaliste, un truc que personne n'avait encore fait, la trouvaille d'un cinéaste de 76 ans. Bouquet/Molina, la très belle très froide et l'Espagnole, et le plaisir de diriger une dernière fois dans sa langue natale, avec un Fernando Rey qui en est à sa troisième déclinaison de Buñuel en pauvre vieux Don suborneur (après Viridiana et Tristana, les deux grands films espagnols, les meilleurs, fatalement) et qui a tout compris depuis très longtemps, nul besoin d'explications. D'autant que tout est très clair, littéral, il suffit de regarder : une dernière fois, il s'agit de tout dire de soi qui s'éteint et du monde qui court à sa perte, avec une pudeur infinie, sur des images plus plates et évidentes que jamais. L'air de Paris, les passages de Benjamin, ceux où déambulaient Breton et Aragon quand ils étaient frères, l'odeur de la poudre, l'hôtel Ronceray, sur les Boulevards, qui n'a pas bougé et où les parents étaient descendus lors de leur voyage de noces, dans les derniers jours du XIXe siècle, et où dormira leur fils, pour sa première nuit parisienne, en 1925. En bas, le passage Jouffroy, une vitrine, le linge blanc et la tâche rouge, l'hymen déchiré et l'œuvre à repriser, indéfiniment, avec beaucoup de brodeuses et de couturières dans presque tous les films et un œil tranché comme coup d'éclat initial. Somme toute, Luis Buñuel est un cinéaste assez cohérent ; « obsessionnel », prétendent certains.

Frédéric Bonnaud


Générique

Réalisateur : Luis Buñuel
Assistants réalisateurs : Pierre Lary, Juan Luis Buñuel
Scénariste : Luis Buñuel
Collaborateur scénaristique : Jean-Claude Carrière
Auteur de l'oeuvre originale : Pierre Louÿs d'après le roman "La Femme et le pantin"
Dialoguiste : Luis Buñuel
Sociétés de production : Greenwich Film Productions (Paris), Les Films Galaxie, In Cine
Producteur : Serge Silberman
Producteurs associés : Irène Silberman, Alfredo Matas
Directeur de production : Ully Pickardt
Distributeurs d'origine : C.C.F.C. - Compagnie Commerciale Française Cinématographique (Paris), AMLF
Directeur de la photographie : Edmond Richard
Cadreur : Jean Harnois
Ingénieur du son : Guy Villette
Mixeur : Alex Pront
Compositeur de la musique préexistante : Richard Wagner "La Walkyria"
Décorateurs : Pierre Guffroy, Enrique Alarcón pour le tournage en Espagne
Costumiers : Sylvie deSegonzac, Francesco Smalto pour Fernando Rey, Chloé pour Carole Bouquet et Angela Molina
Maquilleur : Odette Berroyer
Coiffeur : Jean-Pierre Berroyer
Monteur : Hélène Plemiannikov
Script : Suzanne Durrenberger
Régisseurs : Gille Schneider, Carlos Ramón pour le tournage en Espagne
Coordinateur des effets spéciaux : François Sune
Photographe de plateau : Jean Distinghin
Interprètes : Fernando Rey (Mathieu Faber), Carole Bouquet (Conchita), Ángela Molina (Conchita), Julien Bertheau (Edouard Foucade), André Weber (Martin), Milena Vukotic (la voyageuse), Piéral (le professeur de psychologie), Jacques Debary (Vincent Delargue), María Asquerino (Incarnacion Perez, la mère de Conchita), Ellen Bahl (la rivale de Conchita), Bernard Musson (l'inspecteur), Muni (la concierge), Isabelle Sadoyan (Adrienne, la domestique de Mathieu Faber), André Lacombe (André, le domestique de Mathieu Faber), David Rocha (El Morenito, le guitariste), Valérie Blanco (la fille de la voyageuse), Auguste Carrière (la dentellière), Antonio Duque (le contrôleur du train), Rita Lluch-Peiro (la danseuse de flamenco), César Torres (le patron de la boîte de flamenco), Jean-Claude Montalban (le serveur du café), Isabelle Rattier (la secrétaire d'Edouard Foucade), Juan Santamaría (l'employé de l'agence de voyages), José Luis Barros (l'homme au sac), Claude Jaeger (le propriétaire du bar), Serge Silberman (le banquier victime de l'attentat), Silke Hummel, Annie Monange, Justo Ruiz, Melody Thomas, Karine Verlier, Dick Winslow