Générique
Réalisateur :
Roberto Rossellini
Assistants réalisateurs :
Antonio Pietrangeli, William Demby, Marcello Caracciolo Di Laurino, Marcello Girosi
Scénaristes :
Roberto Rossellini, Massimo Mida, Antonello Trombadori, Sandro De Feo, Ivo Perilli, Brunello Rondi, Diego Fabbri, Mario Pannunzio, Antonio Pietrangeli
Société de production :
Lux Film (Roma)
Producteurs :
Carlo Ponti, Dino De Laurentiis
Directeur de production :
Nando Pisani
Distributeur d'origine :
Lux Compagnie Cinématographique de France (Paris)
Directeur de la photographie :
Aldo Tonti
Cadreur :
Luciano Tonti
Ingénieurs du son :
Piero Cavazzuti, Paolo Uccello
Compositeur de la musique originale :
Renzo Rossellini
Décorateur :
Virgilio Marchi
Costumier :
Fernanda Gattinoni
Monteur :
Jolanda Benvenuti
Script :
Sandro Corso
Interprètes :
Ingrid Bergman (Irène Gérard), Alexander Knox (Georges Gérard), Ettore Giannini (Andrea Casati), Giulietta Masina (Giulietta, dite Passerotto), Sandro Franchina (Michel), Teresa Pellati (Inès), Maria Zanoli (Madame Galli), Marcella Rovena (Madame Puglisi), Alberto Plebani (Monsieur Puglisi), Giancarlo Vigorelli (le juge), William C. Tubbs (le professeur Alessandrini), Alfred Browne (le prêtre), Tina Perna (Cesira), Gianna Segale (l'infirmière), Antonio Pietrangeli (le psychiatre), Rossana Rory (une invitée), Eleonora Baracco, Alfonso Di Stefano, Silvana Veronese, Mary Jokam, Bernardo Tafuri, Francesca Uberti, Mariemma Bardi, Alessio Ruggeri, Gerda Forrer, Charles Moses, Giuseppe Chinnici, Vera Wicht, Gianna Damiani, Marinella Marinelli, Graziella Polacco, Barbara Berg, Rodolfo Lodi, Eric Blythe, Jane Sprague, Elisabetta Cini, Dany Guy, Attilio Dottesio, Carlo Hintermann, Dianora Veiga, Bruno Armonioso
Le Grand Prix de la Mostra de Venise en 1952, une imposante critique sociale, qui s'inspire de François d'Assise et son rejet du luxe. Imaginée comme un alter ego du cinéaste, son héroïne – incarnée par sa propre femme, Ingrid Bergman, Coupe Volpi de la meilleure actrice – se reconnecte à la réalité d'un état fracturé. Issu d'une famille bourgeoise, Rossellini témoigne de cette réflexion personnelle dans le poignant récit d'une Passion, attaché à dépeindre la société d'après-guerre et ses conséquences avec un sens de l'épure saisissant.
Qu'est-ce que la mort d'un enfant, sinon le symptôme d'une société malade, qui fonce droit dans le mur ? Quatre ans après Allemagne année zéro, où le suicide d'un jeune garçon nous laissait au bord du gouffre, Roberto Rossellini, pour son second film avec Ingrid Bergman, sonde le même vertige avec une ambition renouvelée : établir un état des lieux critique de la civilisation occidentale, six ans après une Seconde Guerre mondiale qui semble ne rien avoir changé à ses réflexes inégalitaires. Cette détresse qu'Irene n'a pas voulu voir à temps chez son fils suicidé, est précisément celle, mais à une autre échelle, qu'elle retrouve dans les faubourgs misérables de Rome. Ici ou là, il s'agissait simplement d'ouvrir les yeux. Prenant le parti des déshérités (mères célibataires, prostituées, malades, assassins), Irene se défait de son être bourgeois cloisonné, pour atteindre par des voies laïques à une forme de grâce, inspirée par l'expérience mystique de Simone Weil. Comme dans Stromboli (1950), le cheminement de l'héroïne prend la forme d'un itinéraire moral, dont les étapes s'écrivent sur le visage chamboulé (filmé sans maquillage) de l'actrice. Mais le propos de Rossellini concerne également la réaction du bloc bourgeois (famille, clergé, médecine), qui, face à un tel don de soi, décrète la folie d'Irene, sentant bien qu'elle pointe quelque chose de son illégitimité. Cri de colère et bréviaire de rébellion sociale, Europe 51 est bien plus qu'un chef-d'œuvre : un phare dans la nuit.
Mathieu Macheret