Les Proies du vampire

Les Proies du vampire El Vampiro

Fernando Méndez
Mexique / 1957 / 95 min

Avec Germán Robles, Abel Salazar, Ariadna Welter.

Une jeune Mexicaine, revenue dans sa famille pour des funérailles, entend des histoires troublantes : la ville serait infestée de vampires. Rapidement, elle soupçonne sa tante et un mystérieux voisin.

Considéré comme un tournant dans la représentation du vampire à l'écran, Les Proies du vampire met en scène pour la première fois une créature aux canines allongées. Un an avant Le Cauchemar de Dracula, Méndez applique à la lettre les visions de Bram Stoker pour imaginer un buveur de sang fascinant, incarné par la future vedette de l'épouvante mexicaine, le magnétique Germán Robles. Sur un scénario retors, qui mêle réflexion autour de l'inceste et de l'homosexualité, le cinéaste orchestre une impressionnante progression dans l'horreur, où planent les ombres de Fritz Lang et Tod Browning.

Quelques mois avant la résurrection de la figure du vampire sur les écrans du monde, sous la forme d'une créature incarnée par Christopher Lee dans une production britannique, l'industrie cinématographique mexicaine en proposait une version fort différente. En 1957, avant même que soit réalisé Le Cauchemar de Dracula de Terence Fisher, le prolifique Fernando Méndez tournait, en effet, El Vampiro (Les Proies du vampire). Le film est produit par Abel Salazar, qui incarne aussi ici un jeune premier peu charismatique. À la dialectique du cinéma anglais dont le monstre vient apporter un désordre dionysiaque à la rationalité de la société industrielle, le cinéma mexicain va opposer un tout autre ordre symbolique. La créature des ténèbres est incarnée par le suave German Robles, dans son premier rôle au cinéma. Emblème du mal, elle va être combattue, d'égal à égal, par des figures du Bien, revenues aussi, pour certaines d'entre elles, d'entre les morts – telle María Teresa, la tante de l'héroïne, dont la silhouette cadavérique et le visage émacié semblent tout droit sortis du Désespéré de Léon Bloy. Le cinéma fantastique mexicain met en scène deux puissances abstraites et charnelles à la fois, se combattant sur un même terrain métaphysique. Face à l'anglicanisme coincé du cinéma britannique, Les Proies du vampire convoque, en effet, l'imagerie d'un catholicisme flamboyant, frénétique et saignant.

Jean-François Rauger

Restauré en 4K par Alameda Films en 2023.


Générique

Réalisateur : Fernando Méndez
Assistant réalisateur : Américo Fernández
Scénariste : Ramon Rodriguez
Auteur de l'oeuvre originale : Ramón Obón d'après une histoire
Adaptateur : Ramón Obón
Société de production : Cinematográfica ABSA
Producteur : Abel Salazar
Directeur de production : Fernando Méndez Jr.
Distributeur d'origine : D.C.F.
Directeur de la photographie : Rosalío Solano
Cadreur : Hugo Velasco
Compositeur de la musique originale : Gustavo C. Carrión
Directeur artistique : Gunther Gerszo
Maquilleur : Elda Loza
Monteur : Jose W. Bustos
Interprètes : Abel Salazar (le docteur Enrique), Ariadna Welter (Marta Gonzalez), Carmen Montejo (Eloisa), Germán Robles (le comte Karol de Lavud/Duval), José Luis Jiménez (Emilio), Mercedes Soler (Maria, une domestique), Alicia Montoya (María Teresa), José Chávez (Anselmo), Julio Daneri (un domestique de Duval), Amado Zumaya (un domestique de Duval), Dick Barker (un homme), Guillermo Álvarez Bianchi (le responsable du train), Margarito Luna