Portier de nuit

Portier de nuit Il Portiere di notte

Liliana Cavani
Italie / 1973 / 119 min

Avec Dirk Bogarde, Charlotte Rampling, Philippe Leroy.

Vienne, 1957. Max, portier de nuit dans le célèbre hôtel de l'Opéra, reconnaît un jour Lucia, son ancienne victime dans les camps de concentration. Entre eux va se nouer une relation sado-masochiste.

Restauré en 2018 par le Centro Sperimentale di Cinematografia-Cineteca Nazionale et l'Istituto Luce-Cinecittà à partir des négatifs originaux et d'interpositifs. Travaux de laboratoire réalisés au laboratoire Cinecittà, validés par Liliana Cavani. Restauration de la bande-son par Federico Savina.


Dans l'histoire des grands scandales du septième art, Portier de nuit occupe une place de choix. À sa sortie en 1974, le film choque et divise, se voit censuré en Italie quand il attire les foules partout ailleurs. En cause, son sujet – la relation sadomasochiste d'une déportée avec son bourreau –, le traitement du personnage féminin, présenté comme une « victime consentante », et son esthétisation des horreurs nazies. La controverse s'incarne tout entière dans la fameuse séquence où Charlotte Rampling, en pantalon à bretelles et seins nus, interprète pour ses tortionnaires un numéro de cabaret, une casquette SS vissée sur la tête. Cinéaste de la transgression et de l'outrance, Liliana Cavani s'impose dans le paysage italien (et mondial) comme l'une des rares réalisatrices de l'époque. Après des documentaires historiques pour la télévision, elle signe entre autre les provocants Cannibales (1970) et La Peau (1981). Avec Portier de nuit, la voici qui se place ouvertement dans la lignée des Damnés (1969). D'abord, en choisissant les mêmes acteurs que Luchino Visconti pour incarner son couple maudit : Dirk Bogarde et Charlotte Rampling, qui furent tous deux éprouvés par leurs rôles et le tournage du film. Puis, dans la représentation de l'idéologie nazie à travers une décadence et un érotisme morbide. Que penser aujourd'hui de ce film cru et brutal ? Une chose est sûre, si les années ont passé, l'aura sulfureuse de Portier de nuit n'est, elle, pas prête de se dissiper.

Elsa Colombani