Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Après un premier film, Bleak Moments, en 1971, Mike Leigh passe une quinzaine d'années à réaliser des séries et des téléfilms avant de revenir au cinéma avec High Hopes (1988) et Life Is Sweet (1990), comédies dramatiques réalistes qui se concentrent sur une cellule familiale. Naked, comédie grinçante, violente, à l'esthétique réaliste trompeuse, opère un tournant sombre. Le tournage a pour cadre des lieux existants, mais Leigh et son équipe grisent les murs, éliminent les couleurs vives, et au moment du développement de la pellicule évitent le bain de blanchiment afin de donner plus de densité aux noirs. L'atmosphère blafarde qui en résulte fait basculer le film du côté de la métaphore. Naked plonge le spectateur dans une vision cauchemardesque d'une Angleterre exsangue après la décennie thatchérienne, une époque où les rapports humains ne sont plus que brutalité. Loin des nobles personnages de la classe ouvrière de Ken Loach, Johnny, interprété par David Thewlis (récompensé à Cannes en 1993, tout comme Mike Leigh pour son scénario), est un Ulysse, affreux, sale et méchant, qui erre dans Londres. Son pendant, le glaçant Jeremy, à l'autre bout du spectre social, va encore plus loin dans l'abjection, sous le vernis du yuppie. Entre les deux, une série de personnages, des femmes victimes, souvent, mais résilientes et solidaires, et un gardien de nuit. Improvisé en partie, tourné sans autorisation dans les rues de la capitale anglaise, Naked est aussi un film du langage, des accents, chargé d'une parole envahissante contre la frustration d'un monde toujours indifférent et froid.
Wafa Ghermani