M le maudit

M le maudit M

Fritz Lang
Allemagne / 1931 / 117 min

Avec Peter Lorre, Otto Wernicke, Theodor Loos.

Un assassin, qui s'en prend aux petites filles, est activement recherché par la police. Dérangée dans ses activités, la pègre entreprend de le traquer elle-même.

Le premier film parlant de Fritz Lang est une plongée terrifiante dans les bas-fonds d'une ville, dans lesquels se révèle une société fondée sur la rumeur et la dénonciation. Encore marqué par l'expressionnisme, le film est conçu comme un piège, où ombres, lignes, grilles et reflets enserrent peu à peu le maudit, l'entraînant dans un labyrinthe sans issue. Le destin de l'homme traqué, mais aussi la vengeance et la pression des masses sont autant de thèmes qui marqueront, quelques années plus tard, les débuts américains de Lang, mais aussi tout le film noir. La démarche titubante et les yeux exorbités, Peter Lorre offre une interprétation pathétique, inoubliable. Sa gestuelle expressive et la ritournelle de Peer Gynt, qu'il siffle de façon obsédante, contribuent à inscrire le film dans la liste des grands classiques, d'une puissance sans égale.

« On a coutume de réduire M le maudit à son anecdote, c'est-à-dire de n'y voir que le cas pathologique offert par un assassin d'enfants, cas admirablement exposé et incarné par Peter Lorre avec une science de comédien qui tient du génie. Cette manière d'envisager une œuvre en diminue singulièrement la portée. Car M Le maudit dépasse de loin la simple description d'une névrose individuelle pour cristalliser, avec une violence expressive exceptionnelle, à la fois l'esprit d'une époque et celui d'une société définie : en 1931, il possédait des accents prophétiques. Cet homme, rongé par la solitude et le désœuvrement, qui rôde autour des préaux et qui offre aux enfants des sucreries ou des ballonnets, est un homme qui souffre d'abord d'un mal social. En lui, les contradictions d'un régime économique et politique atteignent un stade de virulence dangereuse et sa maladie psychique n'est en définitive que celle, personnalisée, de la république de Weimar agonisante le long de ces rues sans joie, de ses files de chômeurs, tandis que sous le couvert du socialisme, le nationalisme revanchard plante les premiers jalons de « l'ordre nouveau ». » (Freddy Buache)


Générique

Réalisateur : Fritz Lang
Scénaristes : Thea vonHarbou, Fritz Lang
Société de production : Nero-Film A.G. (Berlin)
Producteur : Seymour Nebenzahl
Directeurs de production : Seymour Nebenzahl, Ernst Wolff
Distributeur d'origine : Paris Consortium Cinéma
Directeurs de la photographie : Fritz Arno Wagner, Robert Baberske
Cadreur : Karl Vass
Ingénieur du son : Adolf Jansen
Compositeur de la musique préexistante : Edvard Grieg
Décorateurs : Emil Hasler, Karl Vollbrecht
Maquilleur : Wilhelm Weber
Monteur : Paul Falkenberg
Régisseur : Gustav Rathje
Photographe de plateau : Horst vonHarbou
Interprètes : Peter Lorre (Hans Beckert), Ellen Widmann (Frau Beckmann), Inge Landgut (Elsie), Gustaf Gründgens (Schränker, le perceur de coffre-forts), Friedrich Gnass (un cambrioleur), Fritz Odemar (le tricheur), Paul Kemp (Franz, le pickpocket), Theo Lingen (l'escamoteur faux monnayeur), Ernst Stahl-Nachbaur (le directeur de la police), Franz Stein (le ministre), Otto Wernicke (le commissaire Lohmann), Gerhard Bienert (le secrétaire de Lohmann), Theodor Loos (le commissaire Groeber), Georg John (le marchand de baudruches aveugle), Rudolf Blümner (l'avocat), Karl Platen (un gardien de l'immeuble), Rosa Valetti (la tenancière du crocodile), Hertha vonWalther (une prostituée), Fritz Lang (la voix du siffleur), Paul Mederow (le procureur de la République), Hadrian M. Netto (le capitaine de la police), Klaus Pohl (un témoin au commissariat), Hanna Maierzak (la petite femme), Franz Goldstein (un ouvrier), Karl Hannemann (l'inspecteur de la police judiciaire), Max Marschek (le cogneur), Elisabeth Neumann-Viertel (la jeune prostituée), Lucie Rhoden (la secrétaire des archives de la police), Elisabeth Wendt (la prostituée), Josef Almas, Carl Balhaus, Hans Behal, Carlheinz Carell, Josef Dahmen, Hugo Döblin, J.A. Eckhoff, Else Ehser, Karl Elzer, Erwin Faber, Ilse Fürstenberg, Fritz Gelingk, Anna Goltz, Heinrich Gotho, Heinrich Gretler, Günther Hadank, Robert Hartberg, Ernst Paul Hempel, Oskar Höcker, Albert Hörrmann, Ellen Isenta, Albert Karchow, Werner Kepich, Hermann Krehan, Friedrich Kurth, Kurth Leeser, Rose Lichtenstein, Lotte Löbinger, Sigurd Lohde, Alfred Loretto, Margarete Melzer, Trude Moos, Neumann-Schüler, Katharina Nied, Maja Norden, Edgar Pauly, Franz Polland, Eduard Rebane, Berthold Reissig, Paul Rehkopf, Ernst Rhaden, Hans Ritter, Max Sablotzki, Alexander Sascha, Agnes Schultz-Lichterfeld, Leonard Steckel, Carl Heinz Stroux, Karl Swinburne, Christiane vonTrümbach, Wolf Trutz, Otto Waldis, Borwin Walth, Rolf Wanka, Ernst Wulf, Bruno Ziener