Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Quel sujet accrocheur que les frasques de Manolesco, célèbre brigand Belle Époque dont les mémoires ont inspiré par moins de trois films entre 1920 et 1933. Et quel trio d'acteurs ! Le charisme instinctif d'Ivan Mosjoukine rencontre la prestance graphique de Brigitte Helm en une addition sidérante de magnétisme. Face à ce duo, la délicate Dita Parlo, future Juliette de L'Atalante, crée un juste contrepoint. Cette production UFA soigne aussi sa technique, comptant sur l'habile mise en scène de Victor Tourjanski (formé chez Albatros puis Abel Gance) et sur l'image du grand Carl Hoffmann (chef opérateur de Docteur Mabuse le joueur et pour Les Nibelungen). Les décors, multiples, traversent des métropoles luisantes et des montagnes claires. Ce film aurait donc tout du chef-d'œuvre ? Mosjoukine, de retour d'un séjour piteux aux États-Unis, y campe pourtant une figure plus pâle qu'à son habitude. Brigitte Helm, frustrée de son assignation au rôle de vamp, après Metropolis et L'Argent, se pare d'un voile maussade. Et l'image reste discrète, malgré de belles épiphanies (mouvements spectraux, reflets électriques, scène de rêve). Un sentiment de déclin teinte ainsi ce projet fait d'exils malheureux, de carrières descendantes et d'un mode de production sur sa fin. Cependant, en dépit et du fait même de ses fragilités, Manolesco, prince des sleepings est un film résolument poignant et mélancolique, à redécouvrir.
Élodie Tamayo