À bout de course

À bout de course Running on Empty

Sidney Lumet
États-Unis / 1988 / 115 min

Avec River Phoenix, Judd Hirsch, Christine Lahti, Martha Plimpton.

Traqués par la police pour avoir fait sauter une usine de napalm en protestation contre la guerre au Vietnam, Arthur et Annie Pope vivent dans la clandestinité. Leur fils se révolte contre cette vie qu'il n'a pas choisie.

Road movie dans son principe, road movie tardif (vingt ans après l'élan et la triste euphorie d'Easy Rider), À bout de course fait défiler au générique de début la ligne blanche discontinue d'un macadam à deux voies, soit cette histoire increvable et cette promesse éternelle de la route américaine. C'est donc l'histoire d'un couple d'activistes en fuite depuis les années 1970 et obligé de reconnaître, au nom du fils – un adolescent embarqué dans leur cavale et hors-la-loi malgré lui –, que l'heure est venue, non de renier les engagements et choix du temps de la guérilla urbaine, mais de poser les armes et donner un autre avenir à leur enfant parvenu à la croisée de ses propres chemins. River Phoenix – sorte de Mozart américain du jeu d'acteur – devra idéalement réussir la synthèse entre son aspiration à une vie « normale » (sédentaire) et un héritage politique et artistique venu d'une famille de nomades qui finit par s'évanouir dans le hors-champ, le laissant seul et possiblement libre d'inventer la suite. À l'image de cette apothéose, le film de Lumet ne cesse de bouleverser, sans verser dans le pathos, et il faut, entre autres scènes, avoir vu celle entre un père et sa fille remis en face l'un de l'autre après quinze ans d'éloignement, d'incompréhension et d'amour retenu. À bout de course, un film qui ne cesse de monter et descendre la gamme de nos affects, raconte en vérité le choix déchirant pour tout un chacun entre la chaleur des sensations venues de l'enfance et l'accès nécessaire, solitaire aussi, à une expression consciente d'elle-même.

Bernard Benoliel


Générique

Réalisateur : Sidney Lumet
Assistants réalisateurs : Burtt Harris, Joe Caracciolo, Glen Trotiner
Scénariste : Naomi Foner
Sociétés de production : Lorimar Film Entertainment, Double Play
Producteurs : Amy Robinson, Griffin Dunne
Producteurs exécutifs : Naomi Foner, Burtt Harris
Directeur de production : Joseph M. Caracciolo
Distributeur d'origine : AAA - Acteurs Auteurs Associés
Directeur de la photographie : Gerry Fisher
Mixeur : James Sabat
Compositeur de la musique originale : Tony Mottola
Directeur artistique : Robert Guerra
Décorateur : Philip Rosenberg
Costumier : Anna Hill Johnstone
Coiffeur : Bob Grimaldi
Monteur : Andrew Mondshein
Script : Mary Bailey
Directeur de casting : Todd M. Thaler
Graphiste : Joan Winters
Créateur du générique : Michael Sporn
Photographe de plateau : Kerry Hayes
Interprètes : Christine Lahti (Annie Pope), River Phoenix (Danny Pope), Judd Hirsch (Arthur Pope), Jonas Abry (Harry Pope), Martha Plimpton (Lorna Phillips), Ed Crowley (Monsieur Phillips), L.M. Kit Carson (Gus Winant), Steven Hill (Monsieur Patterson), Augusta Dabney (Madame Patterson), David Margulies (le docteur Jonah Reiff), Lynne Thigpen (le contact à Eldridge Street), Marcia Jean Kurtz (l'employée de l'école), Sloane Shelton (Madame Phillips), Justine Johnston (la bibliothécaire), Herb Lovelle (l'employé de l'hôpital), Bobo Lewis (le professeur d'éducation ménagère), Ronnie Gilbert (Madame Taylor), Leila Danette (la domestique), Michael Boatman (Spaulding), Jenny Lumet (une musicienne), William Foeller (l'homme qui a rendez-vous), Carol Cavallo (la femme qui a rendez-vous), Alice Drummond (Madame Powell), Donna Hanover (la journaliste), Thomas Fraioli (le violoniste), Burke Pearson (un homme à Julliard), Elzbieta Czyzewska (une femme à Julliard), Daniel Dassin (le serveur), Angela Pietropinto (la professeur d'anglais), Joey Thrower, Christian Daugherty