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Lauréat à deux reprises du prix Pulitzer, Norman Mailer réalise à la fin des années 60 des happenings sur pellicule, improvisés et tournés parfois en deux jours. Au milieu des années 80, il est contacté par Golan et Globus, producteurs de films à haute teneur en testostérone, pour scénariser un projet de Godard, autour de la figure du Roi Lear. Mailer accepte, à la condition qu'on le laisse réaliser l'adaptation d'un de ses romans. Coppola en sera le producteur exécutif. Les Vrais durs ne dansent pas possède tous les atours du Film noir – femme fatale, corruption, flash-back – auxquels s'ajoute la présence de Lawrence Tierney, figure tutélaire du genre, et celle d'Isabella Rossellini. L'actrice sort d'ailleurs tout juste du Blue Velvet de David Lynch, auquel le film ressemble par bien des aspects. Selon Mailer, le résultat est un « film d'horreur en forme de série noire tendance gothique », doublé d'une satire corrosive de l'Amérique. Sélectionné au Festival de Cannes, Les Vrais durs ne dansent pas est un échec. Pourtant, cet objet singulier n'est pas qu'une simple curiosité : l'auteur excelle dans le macabre et dans la sadisation de ses personnages. À mi-chemin entre Dashiell Hammett et Raymond Chandler, les dialogues percutants font de cette œuvre un pendant cinématographique à leur littérature, bien plus crédible que bon nombre de films s'en réclamant.
Samuel Petit