Les Inconnus dans la ville

Les Inconnus dans la ville Violent Saturday

Richard Fleischer
États-Unis / 1955 / 90 min

Avec Lee Marvin, Victor Mature, Richard Egan.

Une petite ville minière voit arriver trois gangsters qui viennent attaquer la banque. Ils se réfugient dans une ferme amish et prennent toute la famille en otage.

Premier film tourné en CinemaScope pour moins d’un million de dollars, comme aimait à le rappeler Richard Fleischer, Les Inconnus dans la ville marque le début de la fructueuse collaboration du cinéaste avec la Fox. Un an après la superproduction 20 000 lieues sous les mers, celui-ci revient à une veine plus intime et abrupte de son cinéma, dans la continuité de ses films noirs pour la RKO. Exit donc le Nautilus et les dangers des abysses sous-marins, l’action se déroule ici dans le cadre tout à fait ordinaire d’une petite ville minière, peuplée de femmes et d’hommes eux aussi pour le moins normaux. Toute une foule d’âmes humaines se voit ainsi longuement dépeinte avec une vivacité saisissante – une main écrasée au sol du plat de la semelle suffisant à donner la mesure du sadisme de Lee Marvin –, repoussant inlassablement l’instant fatidique du braquage, sans jamais réellement le perdre de vue.
Pourtant, et c’est là toute sa maestria, le cinéaste ne refuse pas à cette chronique sociale les conditions du spectaculaire. En Scope et en DeLuxe, la mise en scène flamboyante de Fleischer décuple la puissance des émotions qui se jouent à l’écran, offrant quantité de plans mémorables, tel ce long travelling venant sceller la réconciliation et le destin d’un couple prisonnier des barreaux du grand escalier de sa demeure. De fait, dans cet univers aux pulsions exacerbées, la violence s’avère de plus en plus implacable et chaque personnage en fera âprement l’expérience.

Nicolas Métayer