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À la différence de ses deux précédents, Jerzy Skolimowski ne joue pas dans son troisième film. Et pourtant, si. En collant soudain sa photo grandeur nature sur le visage de son protagoniste, il réaffirme un cinéma à la première personne. Et pourtant, non, ou pas seulement. C'est aussi un film pour les siens, cette génération désorientée des fils qui doit supporter et se décharger du poids des pères, héros de guerre, martyrs, morts ou survivants fantômes. La « barrière », c'est cette frontière qui contraint les derniers nés à secouer un joug invisible et concret, à prendre tous les risques, même les plus absurdes apparemment, à vivre de performances. La barrière devient ce fil sur lequel chacun s'avance, fier, intrépide, sans cesse au risque de la chute (la scène d'ouverture très « casse-gueule »). Comment vivre sa jeunesse avant d'être déjà vieux ? En se dépêchant. Comment tomber amoureux sans s'ouvrir le crâne contre le mur monumental du réalisme socialiste ? En faisant preuve d'imagination ou d'imaginaire. Entre autres scènes étonnantes (ce court long métrage est un feu d'artifice d'idées plastiques), vient ce moment où l'homme, à cheval sur une valise, s'élance du plus haut d'une rampe de saut à skis. Une ligne toute droite, un rêve d'envol pour conjurer toutes ces autres scènes de cauchemar, dans la rue, au restaurant, où une foule anonyme tourne sur elle-même. La femme elle aussi va tout droit, conduisant un tram qui, dans la sublime dernière séquence (richesse de l'arte povera), fait soudain un bruit d'avion au décollage. « C'est votre chance de prendre un nouveau départ », dit l'un des personnages. Le Départ, ce sera le titre du film suivant.
Bernard Benoliel