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Soit un épisode méconnu de la série Cinéastes de notre temps. Sans doute parce qu'il n'est pas consacré à un auteur, mais à une question esthétique : la couleur. Celle-là même dont Tati disait qu'elle « distrait le spectateur ». C'est le même soupçon qui court durant cinquante minutes (en couleurs !), où Labarthe, fidèle à cette ouverture de vue qui fut sa marque en tant que critique, fait appel à des peintres (Soulages, Warhol), à des photographes (Brassaï), un décorateur (Trauner) et des cinéastes : des farouchement contre la couleur (Franju), des plutôt pour, poussés par la curiosité (Varda, Klein). Ce qui se déplace ici est fantastique d'enseignement : Soulages pose le noir comme une couleur, ce qui est une façon de commencer le débat par sa difficulté, Brassaï rejette la couleur, pour lui signe de la perte du « tragique ». Pour Franju, la couleur « n'est pas une valeur ». La chose étant « réaliste si elle est d'essence fantastique ». Et c'est un retournement épistémologique de la question même du plus-de-réel qui s'opère sous nos yeux. Avant que William Klein ne rappelle l'ethnocentrisme, très européen du beau noir et blanc : au Japon, le blanc est couleur de deuil. Et les Américains, eux, voient le monde en couleur. La conclusion, articulée entre les lignes, appartient à Andy Warhol, dans une interview surréaliste, sur fond bleu pâle. Silencieux, il allume une cigarette et Labarthe lui demande s'il peut lui en offrir une. Warhol répond qu'il ne fume pas. « Que faites vous à alors ? – De la publicité pour une cigarette. » La couleur est publicitaire. Dans les années qui viendront, c'est le marché qui tranchera en sa faveur. Bleu comme une orange le savait déjà. Orange amère.
Philippe Azoury