The Tragedy of Macbeth

Frances McDormand, qui avait interprété Lady Macbeth au théâtre, avait envisagé avec son mari Joel Coen une captation de l'un des spectacles auxquels elle avait participé. C'est finalement pour la plateforme de streaming d'Apple que le réalisateur, signant pour la première fois sans son frère, s'attaque à la transposition cinématographique du chef-d'œuvre de Shakespeare. Revendiquant l'inspiration formelle des films d'Akira Kurosawa et de Kobayashi, Joel Coen prend le parti d'une adaptation radicale, ménageant la qualité théâtrale de l'œuvre et exploitant les possibilités offertes par le cinéma pour relever la gageure de porter la pièce à l'écran. Tourné intégralement en studio, en format carré et en noir et blanc, le film revendique et assume le choix de l'abandon de toute idée de réalisme pour partir dans l'abstraction et resserrer l'attention sur le récit intérieur. Force du format 1,37:1, qui ravive les puissances d'expressivité du cinéma muet, encadrant de près les visages d'un casting en tous points remarquable, et emprisonnant des personnages mus par la fatalité dans le carcan de leur folie. La stylisation jusqu'à l'épure des décors, et le travail extraordinaire de Bruno Delbonnel sur la photographie du film finissent d'évoquer Dreyer et l'expressionnisme pour rendre à ce récit son caractère intemporel et éminemment symbolique. Découvrir The Tragedy of Macbeth sur l'écran d'un cinéma est un privilège rare offert aux spectateurs du festival.

Olivier Gonord