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Ce programme offre une juxtaposition a priori radicale : les premiers travaux de Deutsch, autour du cinéma structurel,conçus à partir de found footage des années 80, et devenus canoniques ; et une compilation plus méconnue de vignettes numériques, filmées par l'artiste au cours de la dernière décennie de son existence.
Il y a pourtant des similitudes frappantes entre les deux œuvres. Adria est constitué de films amateurs en Super 8, tournés par des vacanciers en voyage dans l’Adriatique. Et les « films de poche » de Notes and Sketches sont de courtes prises de vues personnelles de Deutsch, voyageur, archéologue du quotidien, réalisées avec son appareil numérique et son téléphone portable.
Par leur aspect dépouillé et personnel, ces deux films relèvent de l'arte povera. Et tous deux sont construits autour de l'acte de filmer, de cadrer, de capturer le quotidien, ses merveilles et ses banalités, à travers la « caméra-œil ».
Adria a pour sous-titre Schule des Sehens (« l’école de la vision ») et, clin d’œil à la prétendue « absence d’art » du cinéma amateur, présente une matière assez formelle, notamment dans les mouvements de caméra. Malgré son approche rigoureuse et mécanique, le film est loin de déshumaniser ou de déconsidérer ses sujets : il y a de l’empathie et de la tendresse dans les images, qui en font un vecteur de mémoire, une trace des rêves et aspirations de ces vacanciers autrichiens. Et Notes and Sketches témoigne de l’attrait de Deutsch pour la vie prise « à l’improviste » (Dziga Vertov) : à l’observateur humble et patient, la vie présente de multiples « micro-drames » qui ont tout à fait leur place sur un écran de cinéma.
Michael Loebenstein