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Welt Spiegel Kino n'est pas un film sans histoire : bien au contraire, c'est un film majuscule sur l'invention narrative à partir de matériaux préexistants. Les images documentaires s’y assemblent comme des vestiges permettant de réinventer le passé. Le found footage, pratique d'une indéniable mélancolie, est le moyen par lequel Gustav Deutsch imagine les vies des passants, ces anonymes qui saluent gaiement la caméra - ceux-là même que l'Histoire a probablement oubliés. Chacun des trois chapitres qui composent ce « cinéma du miroir du monde » s'ouvre sur une vue panoramique de la rue, devant un cinéma, dans trois pays : l'Autriche de la Belle Époque, l'Indonésie sous domination hollandaise dans l'entre-deux guerres et le Portugal où point déjà l'ombre du pouvoir militaire de Salazar. La réalité urbaine et celle du septième art s'entrelacent : chaque figurant a une histoire que le cinéma a pu raconter. Un passant se retourne vers la caméra et son geste se termine sur le front de guerre ; une fillette devient par surimpression une actrice, et même le dragon des Nibelungen est là, lié à une parade de Nouvel An. À travers cette vision de l'insouciance du regard caméra, le réalisateur nous parle d'un monde disparu. Il arpente le siècle à coup de recadrages, ralentis et raccords. Mais en tant qu'archiviste, il a le savoir de son époque, qui est aussi la nôtre : il sait que le temps est un abîme où tout se précipite vers un musée fragile qui est, peut-être, celui de la mémoire.
Gabriela Trujillo