Lights Out in Europe

Lights Out in Europe

Herbert Kline
Etats-Unis / 1940 / 66 min

Avec Fredric March.

Documentaire sur l'émergence de la seconde guerre mondiale en Europe.

Restauré par le MoMA, avec le soutien financier du fonds de conservation Celeste Bartos.


À sa sortie, en avril 1940, B. R. Crisler, critique au New York Times, soutient que Lights Out in Europe constitue « la toute première œuvre à dépeindre l’ensemble des péripéties politiques, économiques, raciales, brutalement guerrières, d’une crise mondiale de manière panoramique et d’en démonter la machinerie de propagande ». Le récit est mené tambour battant. Il est l’œuvre d’Herbert Kline, membre de la très gauchiste Film and Photo League new-yorkaise, et de l’opérateur/monteur Alexandr Hackenschmied (connu sous le nom de Hammid). On y voit l’Europe à l’orée de la guerre. On assiste à l’entrée des troupes allemandes dans la ville libre de Danzig (ou Gdansk), filmée en direct par Kline et son jeune opérateur Douglas Slocombe. On y découvre les habitants de la ville de Londres colportant des sacs de sable jusqu’aux bords de la Tamise, les yeux levés vers le ciel où allait apparaître la première vague de bombardiers allemands. La voix off, rédigée par l’écrivain à succès James Hilton, auteur de Lost Horizon, et lue par l’acteur Fredric March, s’adresse à un public américain incertain quant au rôle que joueraient les États-Unis dans un conflit encore purement européen. Les plans montrant des réfugiés fuyant la Wehrmacht sont inoubliables, surtout lorsqu’ils décrivent un train chargé de femmes et d’enfants qui vient de subir une attaque aérienne, avant de pouvoir traverser la frontière polonaise. On ne tombe pourtant ni dans l’exagération ni dans la propagande. Le réalisateur John Ford déclare n’avoir jamais vu « une caméra utilisée d’une manière aussi intelligente », tandis que New Masses, une revue communiste, met en garde ses lecteurs en cette époque de pacte de non-agression germano-soviétique : « Il vaut mieux ne pas voir ce film. »

Dave Kehr