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Séances passées
Samedi 16 mars 2019, 21h30 -
Salle Henri Langlois
La nuit Nicolas Winding Refn
- Spring Night, Summer Night (Joseph L. Anderson / États-Unis / 1967 / 82 min / DCP / VOSTF)
- Marée nocturne (Curtis Harrington / États-Unis / 1961 / 84 min / DCP / VOSTF)
- The Maidens of Fetish Street (Saul Resnick / États-Unis / 1966 / 69 min / DCP / VOSTF)
- Santo contre l’esprit du mal (Santo contra cerebro del mal) (Joselito Rodríguez / Mexique-Cuba / 1952 / 73 min / DCP / VOSTF)
Restauré avec le soutien de Nicolas Winding Refn et la Cinema Preservation Alliance. Le montage d'origine du film a pu être reconstruit avec l'aide Joseph L. Anderson et Franklin Miller. L'équipe a accédé à tous les éléments qui avaient été retranchés du négatif original 35 mm.
Pièce maîtresse du cinéma indépendant américain des années 1960, Spring Night, Summer Night n'en est pas moins une œuvre qui revient de loin, et même de très loin. Autoproduit et tourné en 1965 par un professeur de cinéma de l'Ohio aidé de certains de ses étudiants, le film est achevé en 1967 et projeté au festival de Pesaro. Il est également sélectionné au prestigieux New York Film Festival, mais en est exclu à la dernière minute pour laisser place à Faces de John Cassavetes. La carrière américaine de Spring Night... ne s'en remettra pas, et les auteurs seront ainsi réduits à le céder à un distributeur de cinéma d'exploitation qui fera ajouter des scènes sexy et sortira le résultat sous le titre racoleur de Miss Jessica is Pregnant. Un comble, puisque le film d'origine se distingue précisément par son traitement digne et sensible d'un sujet délicat : un cas d'inceste dans un milieu de fermiers pauvres du massif des Appalaches. Dépeints sans le moindre misérabilisme, les personnages sont pris dans des dilemmes moraux inextricables en raison de secrets de famille s'étalant sur plusieurs générations. Considéré comme un rare exemple de transplantation du cinéma néoréaliste italien aux États-Unis, le montage initial a heureusement été reconstitué et restauré sous la houlette de Nicolas Winding Refn. Dernière ironie du sort, cette version originelle, invisible depuis un demi-siècle, a été présentée cette année... au New York Film Festival.
Gilles Esposito