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« Le travail de Bruno Nuytten m'a toujours passionnée. Le projet du film s'est mis en place au Fresnoy, école où j'ai été artiste-invitée pendant une année. Bruno est une personne très secrète qui fuit parfois comme un animal sauvage... La forme du film s'est façonnée avec le temps. Avec comme volonté première de faire entendre Bruno sans représenter sa parole. C'est pour passer en quelque sorte en dessous de cette parole que j'ai décidé de filmer chez lui, alors qu'il était en train de poser du parquet... Assez miraculeusement, la problématique du rapport entre l'art et l'artisanat du cinéma s'est synthétisée à ce moment. C'est un film sur le geste. Bruno a été à l'endroit même et au moment même où un grand chambardement commençait à se produire dans la fabrication des films. Et il l'a senti. Ne plus pouvoir comme il en avait l'habitude passer du temps sur le plateau, faire les fondus-enchaînés à la prise de vues, retoucher en direct telle ou telle partie de l'image en dessinant au feutre sur une vitre entre l'optique et le sujet, ou encore flasher à la prise de vues, comme il a pu le faire d'une manière extrêmement audacieuse sur Barocco, sont autant de raisons qui l'ont forcé à s'écarter. Perdre cette liberté du geste, pour rentrer plus tard dans l'univers numérique, du « tout sera fait à l'étalonnage », était impossible pour lui. Il y a aussi un vrai mystère sur l'endroit où il place le réalisateur. » (Caroline Champetier)