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« Ce film n'a pas eu beaucoup de succès à sa sortie, mais je ne pense pas que cela soit un défaut. Il est poétique et élégiaque, tout en étant vif et cinglant comme s'il avait été fait dans les années 1930. La fin est déchirante, et Barry Brown interprète la dernière réplique de la nouvelle de Henry James à la perfection (en voix off dans le cimetière) : « J'ai vécu trop longtemps dans des lieux étrangers. » Le fils du scénariste Larry McMurtry, James, est génial dans le rôle de Randolph, le frère de neuf ans de Daisy. » (Wes Anderson)
Peter Bogdanovich réalise Daisy Miller après trois succès commerciaux. Il occupe alors une position enviable, puisqu'il a rejoint Francis Ford Coppola et William Friedkin à la Directors Company dont Paramount distribue les productions, et peut décider de s'engager dans un film personnel. Il se tourne vers une nouvelle de Henry James, Daisy Miller. Il l'utilisera comme un canevas pour raconter, dit-il, « une histoire d'amour sur des occasions manquées, des différences de classes, l'impossibilité d'un engagement affectif envers ce qui est étranger ou différent. » Cette histoire sera, pense-t-il, un nouveau grand rôle pour sa muse, Cybill Shepherd. Le film, comme la nouvelle, oppose la vivacité et l'audace d'une jeune Américaine à l'indécision et la passivité de l'Européen Frederick Winterbourne, soit, métaphoriquement, le charme des États-Unis et la décadence de l'Europe. Imprégné par les leçons de ses maîtres (Hitchcock, Ford, Welles), le cinéaste réalise un découpage millimétré où prévaut souvent la mélancolie de Winterbourne, qui voit Daisy lui échapper sans cesse. Le film joue aussi de la présence de l'entourage comme entrave. Bogdanovich signe ainsi un récit moderne sur la sexualité, la mélancolie et la solitude du voyeur.
Pauline de Raymond