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Interdit pendant deux ans par la censure, Le Cabot s'inspire de la propre expérience de Jean-Pierre Letellier, assistant réalisateur durant le tournage du long métrage de Charles Bitsch, Le Dernier Homme. Pour obtenir le plan d'une chienne endormie, le cinéaste lui avait, en effet, demandé de la tuer, mais elle avait longuement résisté aux nombreux sévices subis entre tentatives d'empoisonnement, violences corporelles et pendaison. Traumatisé par cette épreuve et sa cruauté gratuite – l'image n'a finalement jamais été utilisée dans le film –, Jean-Pierre Letellier a souhaité l'exorciser à l'écran dans un cathartique exercice de style. À ses côtés, Luc Moullet, producteur et acteur principal du projet, s'est heurté aux tabous qui entourent, depuis toujours, le meilleur ami de l'homme. Malgré leur difficile recherche de financements, les deux complices sont parvenus à créer un drôle d'essai, illustrant le paradoxe entre une totale absence de brimades pour le film de Charles Bitsch et une véhémence absolue à l'égard de celui-ci. En donnant l'illusion de coups portés à l'animal grâce à un objectif de 120 mm, Le Cabot joue sur la perception du spectateur et son habileté à distinguer le vrai du faux, dans ce qui pourrait être le prologue de L'Empire de Médor, réalisé quatorze ans plus tard.