A.I.

Fasciné par l'intelligence artificielle, Kubrick découvre en 1982 la nouvelle Supertoys (Super-Toys Last All Summer Long, 1969) de Brian Aldiss. Des collaborations avec différents co-scénaristes, dont Aldiss, se succèdent mais ne satisfont pas Kubrick, qui met A.I. de côté. En 1994, il écrit finalement seul un scénario avec des idées empruntées à Supertoys et des références directes à Pinocchio.

En 2200, Henry et Monica, pour pallier l'absence de leur fils, malade, adoptent David, un enfant androïde. Le robot, programmé pour aimer, se lie à sa "mère", qui n'arrive pas à l'aimer en retour. Lorsque son fils revient, Monica, qui ne peut se résoudre à envoyer David à la casse, l'abandonne. Elle lui dit d'aller retrouver la Fée bleue, qui le transformera en vrai garçon. David entame un voyage au cours duquel il rencontrera différents androïdes, dont Joe, accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis.

Sur cette base, Kubrick commence la pré-production. Il fait appel à plusieurs illustrateurs, dont Chris Baker, pour concevoir l'esthétique du film, ainsi qu'à des spécialistes des effets spéciaux. Il envisage alors de "collaborer avec Spielberg, dont la maîtrise des effets spéciaux dans des films tels que Jurassic Park l'a impressionné" (1).

Il met cependant son projet entre parenthèses, espérant que l'avancée technologique lui permettra de représenter David en images numériques et de façon réaliste. Il meurt avant de jamais pouvoir reprendre A.I..

Kubrick a déclaré à son producteur, Jan Harlan : "Je crois que Steven Spielberg serait le réalisateur idéal [pour A.I.]" (2). Une déclaration de bon augure puisque ce dernier reprendra le projet avorté sur la base du scénario de Kubrick. A.I. sortira en 2001.

(1) Alison Castle, "Le A.I. de Stanley Kubrick", in Les Archives de Stanley Kubrick, Alison Castle (dir.), (Köln, London, [etc.], Taschen, 2005), pp. 119-122.

(2) Ibid.