Georges Méliès

Exposition du 4 mai 2008 au 25 mai 2008


Georges Méliès, magicien du cinéma

Les collections permanentes de La Cinémathèque française, uniques au monde, se sont récemment enrichies de plus de 700 nouvelles pièces de l’œuvre de Georges Méliès. L’occasion de rendre hommage à ce génial cinéaste-visionnaire.

Tour à tour et tout à la fois auteur, acteur, décorateur, producteur, réalisateur, Georges Méliès est considéré comme un artiste complet, voire comme le véritable pionnier du spectacle cinématographique. Magicien de formation, il est resté célèbre comme l’inventeur des effets spéciaux au cinéma, préfigurant George Lucas et Steven Spielberg. Machinerie théâtrale, pyrotechnie, effets d’optique, arrêts de caméra, fondus enchaînés, surimpressions, prestidigitation, effets de montage et effets de couleurs sur pellicule, tout semble avoir été conçu et utilisé par ce virtuose de la technique. On lui doit des adaptations de contes (Barbe-Bleue), des récits de science-fiction (Le Voyage dans la Lune) et de nombreuses histoires extravagantes… En prolongement des collections permanentes, l’exposition Georges Méliès, magicien du cinéma prendra place dans les espaces du 7ème étage dédiés aux acquisitions récentes. On y découvrira des films, mais aussi de nombreuses pièces rares, rassemblées pour la première fois : ses objets de magie, son costume d’inventeur du Voyage dans la Lune, des dessins, sa première caméra, et autres trésors. La Cinémathèque française a pour mission de montrer ce qu’elle conserve et se réjouit de projeter et d’exposer aux yeux de tous ces collections surprenantes.

Le parcours de l’exposition se déroule en trois étapes.

Magie et cinématographe

La première salle de l’exposition est consacrée au monde magique de Robert-Houdin et à la découverte du cinématographe. Méliès rachète le théâtre de Robert-Houdin, un illusionniste qu’il vénère et dont il collectionne les automates. Il monte de grandes illusions et des saynètes magiques qui préfigurent ses propres films à trucs. Nous montrons ici les accessoires, costumes et automates originaux de Robert-Houdin. Deux pièces phares : le carton fantastique original de Robert-Houdin et « l’armoire du décapité récalcitrant » de Méliès. Dès 1890, Méliès côtoie le monde de Marey et de la chronophotographie, mais il faut attendre le printemps 1896 et le triomphe de la projection cinématographique pour qu’il se décide à utiliser cette technique. Méliès achète sa première caméra à Londres (1896), réalise ses premiers films, les projette au théâtre Robert-Houdin – il les vendra également aux forains – et commence son abondante production. Ses premiers films et ses premiers appareils cinématographiques (sa première caméra, son premier projecteur) sont présentés ici.

Le studio Méliès de Montreuil

On pénètre ensuite dans l’espace du Studio de Montreuil, premier studio vitré (1897) réalisé uniquement pour la prise de vues cinématographiques. Nous en présentons une maquette et proposons au visiteur de l’explorer virtuellement, grâce à une reconstitution 3D interactive, et de pénétrer ainsi quelques-uns des secrets de ce mystérieux atelier, détruit en 1947. Dans cet espace figurent également les plans et esquisses préparatoires du film le plus abouti que Méliès ait tourné dans son studio : La Conquête du Pôle (1912).

L’univers fantastique de Méliès

Les films à trucs plaisent au public des années mille neuf cents et les forains sont les principaux clients de Méliès. Des affiches, programmes, pièces d’archives, dessins, costumes et projections permettent d’évoquer Le Voyage dans la lune, film-phare de Méliès (1902), de même que les autres films relatifs à des « voyages fantastiques ». La naissance rapide de l’industrie cinématographique, la montée en croissance des géants Pathé, Gaumont, Éclair, ont su imposer une autre économie, d’autres structures, un cinéma plus réaliste, moins rêveur. Ces trois sociétés, aux structures financières solides, ont chassé des écrans les films féériques de Méliès, dont le style, avant la Grande Guerre, devient totalement obsolète. Après avoir tenté de collaborer avec Charles Pathé, et après avoir connu de graves échecs financiers, Méliès arrête sa production cinématographique en 1913. Il connaît alors la gêne. Le public l’oublie totalement. Il anime le théâtre des Variétés à Montreuil mais, après la guerre, il doit gagner sa vie en vendant des jouets à la gare Montparnasse. Un journaliste l’y retrouve, et en 1929 un gala est organisé pour lui venir en aide. Il se retire au château d’Orly (maison de retraite réservée aux gens du cinéma) et meurt en 1938.