Week-end Jean Douchet : Comiques ! Comiques ?
Du 12 au 13 décembre 2015
Comiques ! Comiques ?
Jean Douchet programme et commente quatre œuvres en un week-end : quatre projections, chaque fois suivies d’une analyse et d’un dialogue avec la salle. Une occasion de discuter avec Douchet d’un sujet de cinéma qui relie entre eux les films choisis. Autant commencer alors par l’enfance de l’art…
Il s’agira, lors de ce week-end, non de s’attarder sur « le comique » considéré comme genre, mais de s’intéresser au comique du point de vue du personnage. Nous le délivrerons de l’atmosphère de mensonge que suscitent ou subissent les personnages de la comédie. Mais nous lui restituerons ce qui fait sa spécifié et sa grandeur : le comique est « un tragique qui fait rire ». Son destin est d’affronter directement la vérité du réel, les lois de l’univers, de la nature et, évidemment, celles de la société.
Traiter du comique, c’est affirmer que le corps du personnage, ses attitudes, son étrangeté risible sont en perpétuel conflit avec le semblant du monde ; qu’il est contraint de s’assumer comme objet en butte aux autres objets ; que son drame, qui déclenche le rire, vient de son impuissance à s’assumer comme sujet. Une proposition que le cinéma de Tati inverse ou radicalise : monsieur Hulot est le prototype du sujet banal, ordinaire, quotidien, mué malgré lui en objet par une modernité qui a tout fonctionnalisé. Dès lors, son sort est de provoquer des dérèglements hilarants, de déranger l’ordre des choses.
C’est pourquoi les quatre comiques (certes, il y en a d’autres) que nous retenons – Chaplin, Keaton, Langdon, Tati – ont été obligatoirement leur propre metteur en scène et, ainsi, ont donné une réponse à la question posée par André Bazin : « Qu’est-ce que le cinéma ? ». Leur écriture, comme leurs récits, touchent directement à la dualité entre l’espace tridimensionnel et l’espace-temps qui fonde la spécificité cinématographique.
Telle sera, joyeusement abordée, la thématique de ce week-end…
Jean Douchet