Vittorio de Sica

Du 29 janvier au 2 mars 2020

Vittorio De Sica, cinéaste ou comédien ?

Né en 1901 à Sora en Ciociaria, De Sica passe son enfance à Naples. En 1912, il suit sa famille à Rome et très tôt, parallèlement à ses études de comptable, il s'intéresse au théâtre. En 1923, il est engagé dans la compagnie de Tatiana Pavlova puis dans celle d'Italia Almirante Manzini. Dans ces années, De Sica commence également à faire du cinéma. C'est toutefois à partir du début des années 30, avec l'arrivée du parlant, qu'il devient rapidement un des acteurs les plus appréciés du public. Surtout à l'aise dans des comédies sentimentales qui permettent à ses dons de sympathie de s'exprimer pleinement, il est dirigé par de nombreux metteurs en scène : Mario Mattoli, Baldassare Negroni, Augusto Genina, Carmine Gallone, Raffaello Matarazzo... En 1943, il est associé aux débuts de Vittorio Cottafavi avec Nos rêves. C'est toutefois Mario Camerini qui lui donne ses meilleurs rôles dans des films où se mêlent harmonieusement sens du divertissement et satire subtile de la société italienne : Les Hommes, quels mufles !, Je donnerai un million, Monsieur Max, Les Grands magasins...

Vers le néoréalisme

Adulé du public, De Sica aurait pu continuer longtemps une heureuse carrière de comédien. Pourtant, il est aussi tenté par la réalisation. En 1939, il tourne son premier film, Roses écarlates, une comédie brillante qu'il interprète aux côtés de Renée Saint-Cyr. Il signe ensuite des films où se manifeste une exigence croissante, s'effaçant progressivement en tant qu'acteur pour se consacrer à la mise en scène. Madeleine, zéro de conduite est encore une comédie, mais, déjà, dans Mademoiselle Vendredi, pointent des traits plus aigus sur l'enfance malheureuse. Un garibaldien au couvent poursuit le mûrissement créatif dans un film en costumes. Mais c'est avec Les Enfants nous regardent (1942), comédie dramatique qui annonce les thématiques du mouvement néoréaliste, qu'il donne toute sa mesure. Le duo qu'il forme avec Zavattini (au scénario) est désormais prêt à affronter la prise en charge de la réalité douloureuse d'un pays martyrisé.

De Sica aborde les années d'après-guerre animé du profond désir de participer à la reconstruction morale de la société italienne. Il réalise alors ses films les plus célèbres, Sciuscià, Le Voleur de bicyclette, Miracle à Milan, Umberto D., tétralogie qui constitue un sommet du mouvement néoréaliste. De Sica y utilise toutes les ressources de la chronique, des personnages authentiques incarnés par des acteurs non professionnels, du décor naturel, mais il ne renonce pas pour autant au travail précis sur la forme et la construction de l'image, se servant au besoin des ressources du studio.

Toutefois, l'insuccès commercial condamne De Sica au compromis. Comme acteur d'abord – il accepte parfois des rôles indignes de son talent avec des cinéastes de second plan –, et tourne notamment pour Pagliero, Blasetti, Franciolini, Risi, Comencini ou Monicelli, réussissant, malgré les vicissitudes, à préserver une image d'une grande humanité. Comme cinéaste, aussi : dans les années 50, Station Terminus (1953) est un curieux hybride entre l'héritage néoréaliste et le romanesque hollywoodien porté par Jennifer Jones et Montgomery Clift. De Sica retrouve plus de liberté avec L'Or de Naples (1954), tournant pour la première fois dans la ville de son enfance, et revient ensuite, avec Le Toit, aux récits épurés du néoréalisme.

Sophia, et tous les autres

Avec La Ciociara (1960), De Sica réalise une adaptation sensible du roman de Moravia, qui évoque le viol d'une jeune femme et de sa fille par les tabors marocains de l'armée de libération. Autre grand film, Le Jugement dernier (1961) est un kaléidoscope de personnages confrontés à la perspective de la sentence universelle. Dans ces années, De Sica, pour le compte du producteur Carlo Ponti, se met souvent au service de Sophia Loren. Il dirige la comédienne dans La Loterie (épisode de Boccacce 70), Les Séquestrés d'Altona, Hier, aujourd'hui et demain, trois sketches destinés à mettre en valeur le couple Loren-Mastroianni que l'on retrouve dans Mariage à l'italienne, Les Fleurs du soleil, et enfin dans Le Voyage. De Sica signe aussi quelques films plus commerciaux (Le Renard s'évade à trois heures avec Peter Sellers, Sept fois femme avec Shirley MacLaine), et quelques œuvres mineures, comme un épisode des Sorcières qui réunit Silvana Mangano et Clint Eastwood, Un monde nouveau, maladroite mise en cause de l'avortement, ou Nous l'appellerons André, dénonciation superficielle de la pollution atmosphérique. Il ne retrouve ses qualités que par intermittence, avec Il boom, féroce satire de la société de consommation, Le Temps des amants, mélodrame sentimental pour une romance authentique entre Faye Dunaway et Mastroianni, Le Jardin des Finzi-Contini, évocation déchirante de la déportation des juifs de Ferrare, et Brèves vacances, portrait d'une ouvrière vivant une parenthèse heureuse dans son existence de privations. Après Le Voyage, dernier film aux tonalités prémonitoires, De Sica s'éteint en 1974 à Neuilly.

Parallèlement à son métier de cinéaste – où il se révéla un exceptionnel directeur d'acteurs, aussi à l'aise avec les non professionnels qu'avec les stars –, De Sica n'aura jamais interrompu sa carrière de comédien. Ainsi, on peut encore penser à Madame de... de Max Ophuls ou au Général Della Rovere de Roberto Rossellini.

Jean A. Gili

Les films

Boccace 70
Mario Monicelli, Federico Fellini, Luchino Visconti, Vittorio De Sica , 1962
Sa 15 fév 19h30   GF
Drôles de couples
Mario Monicelli, Vittorio De Sica, Alberto Sordi , 1970
Lu 24 fév 16h30   GF
Les Sorcières
Luchino Visconti, Mauro Bolognini, Pier Paolo Pasolini, Vittorio De Sica, Franco Rossi , 1966
Sa 8 fév 16h45   GF

Rencontres et conférences

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