Vigilante années 80

Le 16 juin 2023

Pendant les années 1980, ce qui pouvait légitimement être considéré comme du pur cinéma d'exploitation américain parvenait encore sur les écrans de cinéma. Le Droit de tuer et Les Rues de l'enfer pourraient facilement être définis comme deux exemples parfaits de cet art de la mauvaise pulsion, peu politiquement correct, qui remplissait les salles du samedi soir.

Le premier, réalisé en 1980, est signé James Glickenhaus dont c'est le second long métrage et qui en a également écrit le scénario. Un vétéran du Vietnam (Robert Ginty) reprend du service pour venger un de ses amis devenu infime à la suite d'un tabassage par des voyous. Il en profite pour étendre le domaine de ses activités en s'en prenant à la mafia italo-américaine. Grand lecteur de Sartre, comme cela nous est indiqué au détour d'un plan, l'homme utilise à des fins létales toutes sorte d'appareils dont un couteau électrique, un fer à souder et un hachoir à viande pour parvenir à ses fins. Le Droit de tuer, que l'on peut considérer comme une variation à petit budget à partir du séminal Un Justicier dans la ville de Michael Winner, vaut le détour pour sa manière quasi-documentaire de montrer les rues de New York et le prolétariat de la ville au travail. La violence de certaines scènes valut au film divers ennuis avec la censure dans le monde entier.

Quatre ans plus tard, Danny Steinmann signait Les Rues de l'enfer. L'action se situe à Los Angeles où une lycéenne particulièrement dégourdie venge le viol de sa sœur et le meurtre de sa copine en exterminant ses agresseurs. C'est le troisième long métrage d'un cinéaste qui en signa quatre en tout, le dernier étant un des titres de la saga des Vendredi 13 (Vendredi 13-chapitre 5 : une nouvelle terreur). Porté par les chansons disco de John Farnham, Les Rues de l'enfer est un document passionnant sur le Los Angeles délabré des années 1980. Steinmann reprenait la réalisation des mains de Tom de Simone qui avait quitté le tournage au bout de quelques jours. Dix ans après sa découverte dans L'Exorciste, Linda Blair, qui enchaînait à l'époque ce genre de production (Les Anges du mal, Chaleur rouge), porte le film sur ses épaules avec une énergie et un abattage assez extraordinaires. Les Rues de l'enfer ne recule devant aucun obstacle qui s'opposerait à la représentation frontale d'une violence souvent sexuelle. Le film se fit également remarquer pour ses dialogues joyeusement orduriers et effraya plus d'un critique dont celui de la Saison cinématographique qui écrivit : « Le climat malsain qui baigne le film, ainsi qu'une apologie évidente de la loi du talion provoquent la nausée ».

Jean-François Rauger

Cinéma bis

Le vendredi soir, c'est bis ! Des doubles programmes consacrés à des genres supposément mineurs : péplum, horreur, western italien, film d'arts martiaux, giallo, SF bon marché, délires érotiques, et mille autres formes cinématographiques subversives et insolentes, naïves et sophistiquées à la fois. Ou une poésie des extrêmes.

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