Un week-end avec Jean-Max Causse

Du 1 au 3 mars 2019

Éloge de la persistance

En rendant hommage à Jean-Max Causse, la Cinémathèque salue l'un de ses meilleurs et plus anciens alliés, un exploitant et distributeur que nous reconnaissons comme un véritable confrère, capable de compléter et d'amplifier notre travail de diffusion, voire de suppléer à nos manques et insuffisances en matière de restauration, en particulier dans le domaine américain. C'est ainsi que la grande salle du Grand Action fut baptisée « Henri Langlois » bien avant que la Cinémathèque ne fasse de même en s'installant à Bercy en 2005.

Langloisien, enfant de la Cinémathèque, Jean-Max le fut dès le début, en transformant son studio Lafayette, le premier cinéma Action, créé avec son associé Jean-Marie Rodon en 1967, en QG des Comités de défense de la Cinémathèque lors des événements de février-avril 68, prélude au joli mois de Mai. Mais surtout, Langlois a transmis à Causse l'une des facettes de son génie : l'art de programmer, le savoir qui consiste à montrer des films à des gens. Langlois lui a non seulement appris le cinéma, il lui a aussi appris à le montrer. Un art délicat et sans doute mineur, certes, mais de plus en plus nécessaire à mesure que l'histoire continue de s'écrire et que s'éloignent les films du passé. Aujourd'hui encore, à la Filmothèque, avec son fils François, c'est son grand talent de programmateur que Jean-Max continue d'exercer à l'usage des nouvelles générations de cinéphiles.

Cette carte blanche est aussi l'expression de notre infinie gratitude. Tout au long des années 1980, c'est aux Studios Action, et en particulier à l'Action Christine, longtemps côté 32, puis 24, dans Pariscope – les spectateurs de L'Officiel me pardonneront –, que les choses vraiment importantes avaient lieu. Avec un sens précurseur, voire visionnaire, de la nécessaire « événementialisation » pour la réédition des « films de patrimoine » – mais aucune de ces expressions, d'ailleurs contestables, n'existaient encore –, c'est au Christine que Causse a su attirer les foules en présentant en France, pour la première fois en 3D, Le Crime était presque parfait ou en faisant venir Douglas Sirk pour la reprise tant attendue de Mirage de la vie. Le vieux maître était logé au très chic Relais Christine, juste en face, et il pouvait constater à chaque fin de séance que les gens pleuraient toujours à son chef-d'œuvre. Souvenir inoubliable. Mais c'est bien sûr la ressortie française d'un Lubitsch inédit et majeur (The Shop Around the Corner, 1940, distribué à la va-vite en 1945, puis « oublié ») qui reste le plus grand triomphe de ces années fastes. Pendant lesquelles l'auteur de ces lignes a davantage vécu aux Actions qu'à Chaillot, avouons-le.

Plus tard, avec la même ténacité et le même flair infaillible, Causse deviendra « restaurateur », ou « reconstructeur de films », et c'est à son initiative que l'on doit d'avoir enfin découvert le plus beau des Peckinpah, Pat Garrett et Billy le Kid, tel qu'il avait été conçu. Personne aujourd'hui ne pouvant seulement imaginer se contenter de la version courte, amputée par le studio et privée de sa structure en flash-back. Seuls sont les indomptés, c'est bien connu, mais il arrive, pas souvent, qu'ils gagnent à la fin.

Merci, Jean-Max, et bienvenue chez toi.

Frédéric Bonnaud

Les films

Toutes les séances seront présentées par Jean-Max Causse.

Partenaires et remerciements

British Film Institute, Carlotta, Ciné-Sorbonne, Park Circus Limited, Pyramide Distribution, Tamasa Distribution, CNC – Direction du Patrimoine Cinématographique.