SAS : hommage à un héros de légende

Le 21 avril 2023

En accompagnement de l'exposition Top Secret : cinéma et espionnage, des séances de cinéma Bis consacrées à la figure de l'espion.

Retour sur un héros de légende

On peut s'étonner que le héros de ce qui fut un véritable phénomène de société, une figure ultrapopulaire de la littérature d'espionnage, ait été si peu adopté par le cinéma. Idéologiquement trop clivants, sexuellement trop explicites, les récits mettant en scène les exploits de Malko Linge, agent de la CIA, créé par la plume de Gérard de Villiers, envoyé sur toutes les zones les plus politiquement instables du monde, fut peut-être un trop gros morceau à avaler pour le cinéma.

Deux titres en tout et pour tout s'y sont attaqués. C'est Raoul Coutard, légendaire chef opérateur de la Nouvelle Vague, précédemment auteur de La légion saute sur Kolwezi, qui signe SAS à San Salvador en 1982. Gérard de Villiers supervisa de très près l'ensemble de la production du film, du choix des comédiens aux détails de la transposition du roman pour le cinéma. Le scénario lui-même est inspiré de faits réels survenus durant la guerre civile qui ensanglanta le Salvador dans les années 1980. Notre héros est chargé de mettre fin aux agissements d'un tueur au service de l'extrême droite locale. L'acteur américain Miles O'Keeffe, qui se fera plus tard une réputation auprès bien de bien des amateurs de cinéma bis et d'excentricités cinématographiques (Tarzan, l'homme-singe de John Derek, la série des Ator de Joe d'Amato, etc.), prête sa silhouette musclée au personnage inventé de De Villiers. Au moment de la sortie du film, certains critiques regrettèrent cette alliance de frivolité avec les horreurs d'une Histoire trop contemporaine. Mais que peut-on vraiment reprocher à un film dans lequel on retrouve Dagmar Lassander et Sybil Danning ?

L'Œil de de la veuve, tourné presque dix ans plus tard, remettra brièvement en selle le célèbre héros. C'est un vétéran du cinéma américain qui en signe la réalisation : Andrew McLaglen, auteur, dans les années 1960 et début 70, de quelques westerns et films d'aventures très tardifs, mettant parfois en scène John Wayne. Comment celui qui représentait une certaine manière, plutôt conservatrice, de maintenir la tradition d'un cinéma hollywoodien classique alors attaqué de toute part par une certaine modernité, se retrouve-t-il à réaliser une œuvre aussi fin-de-race que cette nouvelle adaptation ? Mystère. Ce sera, en tout cas, sa dernière réalisation. C'est Richard Young qui interprète le célèbre espion. On se souvient surtout (enfin, vaguement) de lui pour une apparition dans Vendredi 13 - Chapitre 5 : une nouvelle terreur de Danny Steinmann et dans Indiana Jones et la dernière croisade de Steven Spielberg.

Jean-François Rauger

Cinéma bis

Le vendredi soir, c'est bis ! Des doubles programmes consacrés à des genres supposément mineurs : péplum, horreur, western italien, film d'arts martiaux, giallo, SF bon marché, délires érotiques, et mille autres formes cinématographiques subversives et insolentes, naïves et sophistiquées à la fois. Ou une poésie des extrêmes.

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